En premier lieu, Mme Langelier voulait adresser son autobiographie aux femmes d’affaires. « Elles n’étaient pas bienvenues en 1967, quand j’ai commencé. J’ai eu beaucoup de difficultés pour me lancer en affaires et on me refusait un prêt sans la signature de mon mari. J’étais une tête de cochon et j’ai réussi à l’avoir! », relate celle qui, face à des vents contraires, a amené la profession d’orthésiste à un autre niveau au Québec tout en restant bien souvent la seule femme dans son milieu.
Tout son parcours se retrouve dans son livre : le moment où elle a décidé, pendant l’Expo 67, qu’elle voulait aider les gens avec leurs problèmes de pieds, ses cours où elle était la seule femme dans la classe, ses représentations auprès du gouvernement pour faire reconnaître les laboratoires en orthèses du pied en 1979, ses luttes avec les podiatres et celles pour que les orthésistes fassent partie d’un ordre et soient mieux encadrés. « J’ai toujours été stimulée par le défi », note-t-elle.
« J’ai longtemps été la présidente de l’ordre au Québec. Et j’ai même été vice-présidente des orthésistes à l’international, seule femme dans un monde d’hommes. […] Maintenant, c’est un milieu plus féminin. Je pense que la porte a été ouverte », remarque Marie-Paule Joyal Langelier, tout sourire.
Aujourd’hui à la retraite, l’orthésiste peut se targuer d’avoir contribué, malgré les difficultés, à amener la profession d’orthésiste là où elle est aujourd’hui, laissant une trace indélébile au Québec. « Je veux dire aux femmes d’affaires qu’on reste les créatrices de notre vie et qu’il ne faut jamais abandonner », insiste-t-elle.
Perdre pied
Mais De pied ferme ne traite pas que des défis professionnels de Marie-Paule Joyal Langelier. Elle a aussi vécu des événements personnels très difficiles qui ont miné sa vie, dont plusieurs épisodes sur lesquels elle ne s’est presque jamais ouverte avant de les écrire. « Le livre s’adresse aussi aux femmes violentées… Après le viol que j’ai subi, j’en voulais à tous les hommes de la Terre. Ce qui m’a sauvée, ce sont les thérapies : ça m’a pris 10 ans avant d’aller consulter et ça a détruit mon foyer, menant à mon divorce. Mais c’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à vivre », reconnaît Mme Langelier.
Et pourtant, une autre épreuve guettait l’orthésiste au moment de prendre sa retraite. « Je me suis fait prendre au détour : sans mon laboratoire, qui suis-je? Je perdais mon identité et j’avais l’impression de n’être plus rien. J’ai été jusqu’à penser au suicide », admet-elle. Une fois de plus, la thérapie l’a aidée à s’en sortir. La question de la santé mentale, très d’actualité de nos jours, est donc bien présente dans son livre.
De pied ferme est écrit sans censure et Mme Langelier décrit son exercice comme le « nettoyage de [son] cœur », où elle relate tout ce qu’elle a vécu au fil de sa vie. Elle est bien consciente que plusieurs lecteurs qui croyaient la connaître – y compris des membres de sa propre famille – découvriront un tout autre pan de sa vie derrière ses écrits. « Je fais aussi une mise en garde. Dans mon livre, je donne ma perception, ma vérité concernant certaines personnes. »
Toujours d’actualité
Déjà bien connue dans la région maskoutaine, Marie-Paule Joyal Langelier espère que De pied ferme rayonnera bien au-delà de ses cercles habituels. « Beaucoup d’éléments sont d’actualité, mais la sortie du livre est une coïncidence. Mais plus je l’écrivais, plus je voyais que l’actualité traitait des sujets sur lesquels j’écrivais et c’est là que j’ai vraiment décidé d’y aller à fond », reconnaît-elle.
Elle laisse d’ailleurs la porte ouverte pour poursuivre son écriture. « J’ai beaucoup aimé l’expérience. Dans ce livre, j’écris sur les circonstances, mais j’aimerais écrire davantage sur mon sentiment. Il y a encore beaucoup à dire. »
L’autobiographie De pied ferme est actuellement en vente au Buropro Citation de Saint-Hyacinthe.