Le Courrier : Tu sembles rayonnant André, dois-je comprendre que tu es encore sur un nuage?
Le maire : Absolument, je suis le plus heureux des maires! Ça va vite et bien. Ma vie est assez intense depuis l’élection. Je m’attendais à ce que ce le soit, mais pas autant. J’espère pouvoir lever le pied un peu aux fêtes, car je ressens un peu de fatigue accumulée. Il faut dire que depuis l’été, je n’ai pas pris de vacances et pas vraiment eu de temps libre. Je me suis consacré à 100 % à cette élection et je me donne tout autant comme maire.
Le Courrier : Et à quoi ressemblent tes journées maintenant?
Le maire : C’est un feu roulant. Je me présente à l’hôtel de ville entre 8 h et 9 h tous les jours et j’y reste jusqu’en fin de journée, souvent tard le soir. Je prends et réponds à mes courriels, il y a des réunions, je discute régulièrement avec la direction générale et avec les gens des communications. La porte de mon bureau est toujours ouverte, du moins quand je n’ai pas de rencontres individuelles. Beaucoup de gens veulent rencontrer le nouveau maire. C’est assez impressionnant en ce moment. Je n’ai jamais eu un agenda aussi rempli, mais j’adore ça!
Le Courrier : Et comment ça se passe avec la direction générale?
Le maire : Ça se passe très bien, la transition s’est bien passée, je dirais. Les réponses viennent plus vite qu’avant en tout cas (rires). Je me rends compte qu’on ne sait pas toujours tout quand on est conseiller municipal. Ou plutôt l’on finit par tout savoir, mais comme maire, on est plus rapidement mis au parfum de toutes les particularités des dossiers. C’est normal à mon avis. Mais le courant passe très bien et c’est ainsi avec tous les employés.
Le Courrier : Est-ce aussi le cas avec les conseillers? Y a-t-il des envieux qui regrettent de ne pas avoir osé se lancer avant toi à la mairie compte tenu du résultat?
Le maire : (rires) Non, je ne pense pas qu’il y ait des jaloux dans la gang, en tout cas s’il y en a, ils ne le montrent pas! Sans blague, la nouvelle dynamique au conseil est très bonne. Les nouveaux s’intègrent très bien. Pour ma part, j’essaie de laisser davantage de place aux conseillers lors des séances publiques. Ce n’est pas un one man show un conseil de ville. C’est une équipe avant tout. J’ai essayé de satisfaire tout le monde lors de l’octroi des comités et de rendre ça équitable. Lors de la période de questions, je laisse les élus s’exprimer et j’aimerais même que chacun devienne le porte-parole d’un ou deux dossiers spécifiques autour de la table du conseil.
Le Courrier : Qu’est-ce que tu aimes le plus de ton nouveau travail?
Le maire : J’aime à peu près tout jusqu’à maintenant. Surtout la sensation de me sentir utile, de pouvoir jouer un rôle important, de travailler dans l’intérêt de l’ensemble de la population et de pouvoir faire une différence par mon engagement et mes décisions. J’apporte des idées, je les soumets, on discute tout le monde ensemble. L’ambiance est fantastique.
Le Courrier : Il doit bien y avoir des choses plus plates que d’autres quand on est maire, non?
Le maire : Ahhh, les critiques, c’est plus difficile de composer avec ça. Il y en aura davantage, c’est certain. J’essaie par exemple de me tenir loin des réseaux sociaux, ce qui n’est pas facile pour moi. Des gens me partagent aussi des choses plus plates également. Je ne suis pas insensible aux critiques, loin de là. J’aimerais parfois que la majorité silencieuse soit moins silencieuse justement. Mais je le dis et le répète : je suis là pour servir l’ensemble de la population, ceux qui ont voté pour moi ou pas. Je ne suis pas au service de groupes de pression. L’intérêt de l’ensemble prime à mes yeux.
Le Courrier : Et quelle importance accordes-tu à ton image?
Le maire : Je n’ai jamais été obsédé par l’image que je projette, mais c’est vrai que je fais un peu plus attention maintenant. Je me sens davantage observé et on m’aborde encore plus qu’avant quand je sors, mais les gens ne sont pas désagréables. Je suis un gars à l’aise avec les gens, j’aime le monde. Je suis simple et facile d’approche, je pense. Je n’ai jamais autant porté mes habits cependant. Je pense que travailler en bermudas comme je le faisais aux Loisirs Douville l’été, c’est terminé pour moi (rires). Je ne me sentirais pas à l’aise.
Le Courrier : Étais-tu nerveux à ta première séance publique dans la chaise de maire?
Le maire : Évidemment, c’est toujours un peu stressant une séance publique et encore davantage comme maire la première fois. Mais je vais devenir de plus en plus à l’aise, je ne suis pas inquiet avec ça. C’est la période de questions du public qui est la plus stressante à gérer. Je ne veux pas être trop rigide, mais il faut l’être un peu pour que tout le monde puisse s’exprimer et que ça ne dure pas toute la nuit. Trouver le bon dosage n’est pas facile. C’est un art que je dois encore apprendre et perfectionner.
Le Courrier : Tu as dit après l’élection vouloir t’inspirer de certaines idées amenées lors de la campagne par le parti Saint-Hyacinthe unie. Était-ce des promesses en l’air?
Le maire : Saint-Hyacinthe unie n’a pas le monopole des bonnes idées et certaines cheminaient déjà à l’interne. J’ai dit entre autres qu’il faudrait peut-être revoir l’ampleur de la réfection de la promenade Gérard-Côté pour réduire la facture. Je le pense encore, mais la réflexion devra être faite par l’ensemble du conseil, et cette réfection demeure sans contredit notre priorité. Cela dit, on n’a pas les moyens de dépenser 40 M$ dans un court délai. C’est certain qu’il faut échelonner tout ça dans le temps. Est-ce qu’il serait plus sage de réduire un peu nos ambitions pour que ce ne soit pas en chantier pendant des années et des années? Il y a des pour et des contre, on se questionne.
Le Courrier : Et cette idée de budget participatif réservé aux projets citoyens?
Le maire : Nous allons faire un premier pas. [Lors de la présentation du budget le 20 décembre, la Ville a réservé une somme de 50 000 $ à cet effet.] Des gens seront sans doute déçus en disant que ce n’est pas beaucoup, mais c’est un début. J’aurais été à l’aise de doubler cette somme dès cette année, mais on y viendra sans doute. On veut bien faire les choses, alors on va prendre le temps d’établir la mécanique comme il se doit. Je souhaite personnellement que cet argent puisse servir à des projets structurants et non à des projets éphémères qui se tiendraient par exemple sur une fin de semaine.
Le Courrier : Et le budget 2022, en seras-tu gêné ou fier?
Le maire : Il va bien se défendre, je pense que nous avons bien fait nos devoirs. [La Ville a annoncé une hausse de taxes de 3,3 %.] Depuis que je suis au conseil, le mot d’ordre est de ne pas assommer les citoyens avec une hausse de taxes supérieure à l’inflation. Un gel de taxes n’est pas réaliste ces années-ci. Les besoins et les attentes sont grands et il faut avoir les moyens d’entretenir nos infrastructures et de les développer. Il ne faut pas s’appauvrir collectivement. Encore ici, tout est dans le dosage. Les citoyens doivent avoir l’impression d’avoir des services à la hauteur de l’effort financier qui leur est demandé.
Le Courrier : Et comment ça se passe du côté de la MRC des Maskoutains et du conseil des maires?
Le maire : Honnêtement, c’est toute une adaptation en ce qui me concerne. Je n’étais pas familier avec leur fonctionnement et je dois avouer que ce n’est pas optimal, à mon humble avis. Les réunions sont très longues contrairement aux plénières. Dans un souci d’efficacité, je pense que la MRC y gagnerait à tenir une séance plénière préparatoire plus consistante vu l’importance et l’abondance de ses responsabilités. Je conçois que tout le monde ne soit pas à l’aise avec ça en ce moment, que ce soit pour des raisons de disponibilités ou autres. Mais pour le reste, j’ai été bien accueilli et je n’entrevois pas de conflit du tout. Le succès de Saint-Hyacinthe passe par le succès de la MRC et l’inverse est aussi vrai. Nous avons intérêt à travailler tous ensemble et je souhaite que les autres maires me voient comme un allié.
Le Courrier : Avec la fin d’une année et le début d’une autre, quel bilan feras-tu de ton année 2021?
Le maire : Ce fut une bien grosse année! Une année imprévisible surtout. Il y a un an, j’étais convaincu que le maire [Claude Corbeil] allait revenir pour un troisième mandat. Jamais je n’aurais pu imaginer que je finirais mon année dans cette position. Je ne m’étais pas préparé à ça du tout, mais je n’ai aucun doute en mes capacités de bien faire ce travail. Je ne ressens pas le syndrome de l’imposteur et du gars qui n’est pas à sa place. Je n’ai pas gagné mon poste à la loterie, les gens ont voté pour moi à la majorité. Je vais faire de mon mieux et je laisserai aux gens le soin d’en juger. C’est tout ce que je peux faire.
Le Courrier : Et comment entrevois-tu ton année 2022?
Le maire : Elle s’annonce chargée. Beaucoup de dossiers sont en cours, tellement qu’il faut maintenant arrêter d’amener de nouveaux projets et livrer ceux qui sont en marche. Juste avec ça, on a facilement de quoi nous occuper pendant deux ans! Par ailleurs, nous devons avoir une certaine flexibilité opérationnelle pour saisir en cours de route les opportunités qui se présenteraient à nous. Mais on le fera toujours en privilégiant l’intérêt de l’ensemble des Maskoutains et non pour satisfaire des besoins particuliers. Il faut aussi apprendre, comme organisation municipale, à prioriser au lieu de s’éparpiller.
Le Courrier : L’année 2022 sera aussi une année électorale au Québec. Est-ce que le maire affichera ses couleurs ou ses préférences? D’ailleurs, quelles sont-elles?
Le maire : C’est un sujet un peu délicat, mais je n’ai rien à cacher. C’est connu, il y avait des gens du Parti québécois (PQ) et du Bloc autour de moi lors de la campagne, je pense à Émilien Pelletier et Bertrand Desrosiers, par exemple. Malgré cela, je ne pense pas qu’on puisse m’étamper d’une marque politique comme Claude [Corbeil] l’était pour le Parti libéral. Personnellement, j’ai voté pour bien des partis et des courants politiques dans ma vie, plus souvent encore en fonction des individus. Je signe aussi les bulletins de candidature de chaque candidat qui me le demande. Je n’entends pas me mêler de politique à des niveaux supérieurs. Je préfère avoir des alliés partout et me sentir libre de travailler avec tout le monde, dans l’intérêt de la Ville de Saint-Hyacinthe.
Le Courrier : As-tu déjà fait des contributions politiques par le passé?
Le maire : Oui, c’est public et encore là, je ne le cache pas. J’ai déjà fait des contributions au PQ, mais c’était plus par amitié qu’autre chose. Je n’ai pas de carte de parti politique dans mes poches depuis 20 ans je dirais.
Le Courrier : En terminant, que peut-on souhaiter au maire de Saint-Hyacinthe pour 2022?
Le maire : Collectivement, de passer au travers de la COVID, qu’on sorte de la pandémie au plus vite et pour de bon. Pour le conseil, je souhaite que nous arrivions toujours à prendre les meilleures décisions possible. Et personnellement, je vais me souhaiter de rester en santé, bien entouré et soutenu par mes proches.
Le Courrier : Merci pour ta générosité André
Le maire : C’est tout naturel voyons. Je sais qu’il y aura des rencontres ou des entrevues entre nous moins agréables au cours du prochain mandat, mais ça fait partie de la game. Tu as un rôle à jouer et je ne m’attends pas à recevoir un traitement de faveur. Juste que nos bons coups soient aussi souvent soulignés que nos mauvais…
Le Courrier : Comme tu dis, il faut trouver le bon dosage quoi (rires)!
Le maire : Exact (rires)!