Que ce soit par ses interprétations senties, ses enseignements précieux ou ses nombreuses implications, Gaston Arel a laissé sa marque partout où il est passé. Ardent défenseur du retour à l’orgue à traction mécanique, il a contribué tout au long de sa carrière à la renaissance de l’orgue classique au Québec.
Entre 1960 et 2009, il a présenté plus de 250 concerts devant public et à la radio en plus d’enregistrer une dizaine de disques, d’abord sur vinyle et ensuite sur CD. Son talent avait notamment été souligné en 2001 par le Conseil québécois de la musique, qui lui avait décerné le prix Opus de l’interprète de l’année.
L’organiste romantique, qui a joué au Canada, aux États-Unis, en Belgique, en France et même en Ukraine, a partagé son savoir durant de nombreuses années en enseignant notamment au Conservatoire de musique de Montréal.
Pendant près de 50 ans, il a également été organiste titulaire du monastère Notre-Dame-du-Lac, tant à Oka qu’à Saint-Jean-de-Matha après un déménagement. Auparavant, il avait aussi été titulaire de l’orgue de l’église de Immaculée-Conception à Montréal.
Son legs passe également par différentes implications. Il a été à l’origine des Compagnons de l’art de Saint-Hyacinthe, une association qui a ensuite donné naissance au mouvement des Jeunesses musicales du Canada, dont il a été le premier président national. Il a aussi fondé la Fédération des amis de l’orgue et cofondé la Société Ars Organi (l’art de l’orgue), puis a été membre de l’Académie de musique du Québec.
Bien qu’il soit né à Trois-Rivières, Gaston Arel a vécu les 25 premières années de sa vie à Saint-Hyacinthe avant de déménager à Montréal. Il a commencé le piano dès l’âge de 5 ans, puis a plus tard appris les rudiments de l’orgue, un instrument qui allait devenir le sien.
À seulement 17 ans, il devenait organiste titulaire à la cathédrale de Saint- Hyacinthe, un rôle qu’il a occupé pendant près de huit ans, de 1945 à 1953. Au cours de cette période, il a commencé sa carrière de récitaliste. En 1949, il remportait un prix Casavant qui lui donnait l’opportunité de se produire à Montréal pour la première fois. Une bourse reçue en 1953 lui permettait par ailleurs d’aller parfaire son art à Paris. Quelques années plus tard, il répétait l’expérience du côté de Hambourg.
La cathédrale de Saint-Hyacinthe était pour lui une sorte de deuxième maison. Ce lieu avait une symbolique toute spéciale puisque c’est là qu’il a rencontré son épouse, Lucienne L’Heureux, elle aussi une organiste réputée.
Le couple a d’ailleurs souvent joué ensemble et a même uni sa passion commune à travers les éditions Lucarel pour travailler à rehausser le niveau musical de ce qui se faisait déjà dans les églises en créant un répertoire spécifiquement québécois. Un grand spectacle conjoint avait été organisé à la cathédrale en 1995 pour souligner leur 40e anniversaire de mariage et de vie artistique. Le maire de l’époque, Claude Bernier, les avait invités à signer le livre d’or de Saint-Hyacinthe à cette occasion.
« Cela me fait vraiment plaisir de jouer à la cathédrale, qui est toujours aussi belle », disait Gaston Arel dans une grande entrevue accordée au COURRIER en 2008 en marge d’un autre concert qu’il allait y donner. « J’y étais revenu il y a une dizaine d’années, mais comme toujours, je dois me réapproprier le lieu et analyser l’acoustique de l’endroit avant de donner une prestation », ajoutait-il, témoignant du souci du détail qu’il accordait à son art.
Le musicien vouait une admiration toute particulière à Bach, un compositeur qu’il adorait jouer. « C’est réellement le dieu des organistes. Avec ses quelque 200 cantates écrites dans un temps record, ce maître n’a jamais été égalé », avait-il souligné.