Lors de sa dernière conférence de presse, François Legault a mentionné en parlant du déconfinement à venir : « Comme on dit en québécois, il faut y aller mollo ».
Je ne sais pas quel dictionnaire il utilise, mais l’expression n’est pas vraiment de notre terroir, plutôt de l’argot italien. Mais bon, « on va slaker sua poulie », comme disent les Grecs, et oublier ces sympathiques coquetteries sémantiques, MAIS à condition que le premier ministre cesse à tout jamais d’utiliser les mots « tunnel » pis « lumière au boutte ».
Depuis le temps qu’il en parle, son « tunnel » est plus long que le débat autour du 3e lien. Pis la « lumière au boutte » s’est éteinte, rallumée, puis éteinte tellement de fois, comme une mouche à feu, qu’on doit plutôt parler aujourd’hui d’un re-re-déconfinement. Tous les usagers de la 20 le savent, en sortant du tunnel, t’es pas encore arrivé chez vous, ça se peut que ça bloque. Facque, mollo sur l’espoir.
Mollo, justement. Le mot à retenir. Parce qu’on l’était de moins en moins mollo sur les réseaux, derrière un micro ou au Costco. Y a pas juste les écoles qui avaient besoin de ventiler, même les pâtissières étaient en colère. Les annonces d’ouvertures des restaurants et salles de spectacles étaient donc plus politiques que scientifiques.
Alors, oui, allons-y mollo. Et comme on dit à Saint-Jude : « Molto mollo ». Ce qui veut dire : doucement, mais beaucoup. Avec tout le monde. Tout le temps. Mollo quand on s’adresse aux caissières des épiceries, mollo devant le jeune employé qui scanne notre passeport vaccinal à la quincaillerie, mollo avec les profs, mollo avec les soignants, mollo sur la route, mollo avec nos amis, nos familles et surtout molto mollo avec nous-mêmes.