Ça me fait toujours un peu rire quand je lis dans les médias : « Un piéton heurté par une automobile. » Ben, ça me fait pas rire à cause du piéton, qui a probablement les genoux dans le front, mais je me demande toujours s’ils vont nous donner des nouvelles du véhicule.
A-t-il subi des blessures ou un violent choc nerveux ? Le CAA l’a-tu remorqué au garage le plus près pour un petit débossage? Sa valeur de revente va-t-elle en être affectée? Non, mais je m’inquiète pour ce pauvre char. Il vient quand même de heurter un être humain. Ça te shake même si t’es fait en tôle.
En fait, c’est comme si on oubliait qu’il y avait quelqu’un derrière le volant. « L’automobile roulait, tout allait bien, elle avait eu une bonne nuit de sommeil, n’était pas distraite, indique à gauche, tourne à drette, OUPS malheur! Un piéton la percute. Pauv’tite Toyota. Espérons qu’elle s’en remettra. »
Alors qu’on devrait plutôt dire : « Un piéton heurté par un conducteur pressé, stressé, fatigué pis su’l Monster accoté qui n’avait pas fait son angle mort parce qu’il textait YOLO. »
Je vous dis ça parce que c’est le printemps, le retour du beau temps et l’air invitant qui nous pousse dehors et nous amène à nous recroiser, piétons, cyclistes et conducteurs de véhicules en général, mais surtout en métal… et en mouvement. Et c’est important de se rappeler qu’à cette occasion, et particulièrement en région, c’est pas juste les rayons de soleil printanier qui rebondissent sur l’asphalte. Même si je n’ai pas fait de recherches très poussées sur la question, je suis pas mal sûr que vous ne lirez jamais cette manchette dans un journal : « Un piéton heurté par une automobile, l’automobile est décédée à la suite de ses blessures. »