5 mai 2022 - 07:00
Service de sécurité incendie de la Ville de Saint-Hyacinthe
Pompiers à rabais?
Par: Le Courrier
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa


Ce qui semble avoir débuté par un simple feu de poubelle à l’extérieur a vite dégénéré, car il n’y a jamais rien de vraiment simple quand un incendie frappe nos vieux édifices de bois en plein cœur de la cité maskoutaine. En l’espace de quelques heures et malgré tous les efforts déployés, l’édifice centenaire a été complètement détruit, puis achevé à coup de pelle mécanique, faisant disparaître du même coup un autre bâtiment d’intérêt.

Même s’il avait perdu de sa superbe par rapport à ce qu’il a déjà été, il demeurait un immeuble phare du centre-ville, du moins au plan architectural, et pour nombre de Maskoutains qui ont fréquenté sa salle de danse à la belle époque. Que de souvenirs se sont envolés.

Cet incendie n’est pas sans rappeler celui de la Place Frontenac, son voisin immédiat de la rue Saint-Antoine, incendiée en février 2019. Pendant un certain temps, la semaine dernière, j’ai bien cru que la nouvelle Place Frontenac en construction allait y passer elle aussi, mais ce ne fut pas le cas. Zéro dommage.

Dans le feu de l’action, nos pompiers ont dû y penser eux aussi. Et même si c’est un sujet délicat, parlons justement de nos vaillants pompiers. Certains diront peut-être qu’ils n’ont pas une grosse moyenne au bâton en ce qui concerne le sauvetage de bâtiments en flammes au centre-ville. Pas moi. Je préfère laisser cela aux gérants d’estrade qui étaient nombreux sur le site vendredi. Mais sans dénigrer le savoir-faire et l’efficacité de nos pompiers, il est quand même pertinent de questionner l’organisation du Service de sécurité incendie de la Ville de Saint-Hyacinthe. Y a-t-il assez de pompiers prêts à intervenir en tout temps à la caserne lorsque nécessaire? Dans quelle mesure et à quelle vitesse est-il possible de rassembler une force de frappe capable de procéder simultanément à une évacuation d’immeuble et à une intervention sur un immeuble en flammes? Serait-il possible de faire autrement? Avons-nous trop de chefs et pas assez d’Indiens?

Certes, l’exploit de nos pompiers aura été de limiter les dégâts à un seul pâté de maisons, sans qu’il y ait de victimes ou de blessés graves. Sauf que les questions sur l’état des forces sont légitimes. Je le répète, l’idée derrière cet éditorial n’est pas de blâmer nos pompiers. Il est fort probable que la nature de l’incendie, l’état de l’immeuble ainsi que son environnement immédiat soient autant d’éléments qui convergeaient vers cette désolante conclusion. C’est en gros l’opinion rassurante émise par Michel Ouellette, directeur adjoint du Service de sécurité incendie dans nos pages cette semaine. Cela dit, il est tout de même difficile de faire abstraction du contexte actuel et de ne pas s’intéresser au conflit qui perdure entre nos pompiers et la Ville de Saint-Hyacinthe en vue du renouvellement de leur convention collective. Pour l’instant, les deux camps sont comme le feu et l’eau et cela ne sert personne. Mais en provoquant une réflexion autour de l’organisation du service, cet incendie pourrait par contre servir la cause des pompiers qui réclament de meilleures conditions de travail et plus de postes permanents. « Pompiers à rabais sans conditions de travail, c’est assez », clament-ils depuis des mois.

Il est donc temps de les écouter et de régler ça, car il est de la responsabilité de la Ville de Saint-Hyacinthe de mettre en place toutes les conditions gagnantes pour avoir des pompiers engagés, motivés et formés en nombre plus que suffisant. Saint-Hyacinthe n’est quand même pas un gros village qui peut confier l’essentiel de sa sécurité à une brigade de volontaires.

Dans un autre ordre d’idée, mais pas tant, la situation de la desserte ambulancière à Saint-Hyacinthe est elle aussi préoccupante. Peut-être même plus que celle des pompiers quand on y pense.

Jeudi soir, quand l’incendie a éclaté, il n’y avait qu’une seule ambulance en ville. Par un étrange concours de circonstances, il aura fallu pas moins de 40 minutes à une première ambulance pour se présenter sur les lieux de l’incendie qui s’est produit à quelques centaines de mètres de la caserne des paramédicaux!

On a donc été très chanceux dans notre malchance. Cette fois-ci du moins.

image