La nouvelle de la fin du mythique restaurant maskoutain a été accueillie par une vague de commentaires mêlant éloges et nostalgie dans une mer de bons sentiments. Ce qui ne m’a pas surpris, surtout si vous avez déjà mangé une 12 pouces spéciale Croissant d’Or à un moment ou l’autre de votre vie.
Mais je suis quand même étonné de constater que devant les grands enjeux de notre temps, y a rien qui vient nous chercher comme la fermeture d’un restaurant. On aura beau se passionner, se déchirer, se diviser à propos de l’urbanisme, du logement social, de la mobilité des chars au centre-ville ou de l’immobilité des chaises au parc Casimir, tout le monde tombe d’accord quand on annonce la disparition d’un populaire resto familial; on évoque les beaux souvenirs, on démontre de l’amour. C’était la même chose quand on a annoncé la fermeture de la salle Chez Jacques ou que le coq bien habillé du Ti-Père allait faire sa valise. Ça faisait la file pour aller chercher sa sauce-souvenir.
Ça fait quand même du bien de réaliser qu’on a partagé autant avec autant de gens. C’était pour une réunion de bureau, un party de Nowell ou une fête d’enfants, un mariage ou un enterrement. Chambre de commerce, Club Optimiste, scouts ou équipe de balle-molle victorieuse avec ou sans coupe, on s’est tous retrouvé à un moment ou à un autre, en famille, entre amis ou juste esseulé en fin de soirée, dans un de ces établissements au menu modique accommodant. Ces restaurants accueillants comme le Croissant d’or, où l’on a passé, toutes classes sociales confondues, tant de bons moments font désormais partie du panthéon de notre technopole alimentaire.
Bon, assez de nostalgie. J’ai une « spéciale » à commander…