C’est dans une publication diffusée sur Facebook que le syndicat des paramédicaux a dénoncé le tout à ses abonnés, photo à l’appui. Le cadavre avait été placé à l’abri des regards à l’aide de paravents installés par le personnel hospitalier dans l’allée principale des paramédicaux avant d’obtenir l’autorisation du coroner de le déplacer vers la morgue. Le corps n’a pu être relocalisé rapidement dans la salle destinée aux patients décédés qui était alors déjà occupée.
Selon le syndicat, cette « pratique » se serait répétée une dizaine de fois à Honoré-Mercier ces dernières années. « La Fraternité avait déjà fait part de ce genre d’incident dans le cadre d’une intervention de la CNESST en 2019. Ce problème n’est pas fréquent, mais assez régulier. J’ai moi-même été témoin de ce genre de situation en décembre 2021. C’est inacceptable et irrespectueux pour la famille et les patients qui entrent par ce corridor. On a beau essayer de comprendre les causes, mais c’est tout simplement irrecevable de déposer un corps là où les ambulanciers circulent », explique le vice-président de la FTPQ, David Gagnon.
Comme le confirme le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est, le patient en question était déjà sans vie depuis plusieurs heures lors de son arrivée à l’hôpital. En entrevue au 98,5 FM lundi matin, le chef de l’urgence de l’Hôpital Honoré-Mercier, le Dr Jocelyn Dodaro, a estimé que l’équipe sur place avait agi de façon adéquate compte tenu de la situation. « Cette personne n’aurait jamais dû venir à l’hôpital, car elle était décédée depuis de longues heures. C’était la meilleure décision à prendre dans les circonstances plutôt que de le placer dans nos installations auprès de personnes malades qui nécessitent des soins », a affirmé le médecin.
Exceptionnelle, cette pratique est utilisée en dernier recours pour assurer le bon fonctionnement des activités à l’urgence, a précisé le chef de l’unité. « Nos urgences sont bondées et le personnel est débordé. Lorsque des patients décédés venant de l’extérieur arrivent à l’hôpital, il peut arriver à certaines occasions qu’on les laisse temporairement dans le garage le temps qu’on fasse le constat du décès. Dès qu’une place se libère, on les amène dans une salle d’examen pour ne pas les laisser dans le garage. Étant donné que le corps était en état de putréfaction, on ne pouvait malheureusement pas le diriger rapidement dans une salle d’examen. C’est très rare que ce genre de situation arrive. […] On fait ce qu’on peut avec les locaux qu’on a », a renchéri le Dr Dodaro.
Jointe par LE COURRIER, la députée de Saint-Hyacinthe, Chantal Soucy, a tenu à défendre le travail du personnel soignant et à dénoncer la décision des paramédicaux de diffuser une photo du cadavre sur la civière. Précisons que la dépouille était recouverte d’un drap. « Je dois vous avouer que j’ai été outrée de savoir qu’un corps d’un défunt s’était retrouvé sur les réseaux sociaux. […] Tout le personnel du centre hospitalier se dévoue corps et âme pour les patients. Vous comprendrez que dans une urgence, le personnel soignant doit y aller par priorisation. Oui, l’urgence est désuète, c’est vrai, mais d’ici quelques mois nous aurons une nouvelle urgence parmi les plus technologiques et les plus conviviales au Québec. Un investissement dont je suis très fière d’ailleurs », soutient la députée.
Rappelons qu’un projet d’agrandissement et de réaménagement de l’urgence de l’Hôpital Honoré-Mercier devrait voir le jour d’ici le mois de septembre. Approchant 69,1 M$, cet investissement servira à optimiser une aire de 26 civières, une unité de soins intensifs temporaires pouvant accueillir quatre civières, un espace ambulatoire de sept salles d’examen et une zone d’évaluation rapide.