23 juin 2022 - 07:00
Abandon du pôle santé de Trigone
De mal en pis
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa


Elle et son bras immobilier Multi- Services Santé Richelieu-Yamaska sont pourtant les artisans de leur propre malheur. Ils auraient dû y penser à deux fois avant de se lancer dans l’achat de la Place Blanchet dans l’espoir d’en faire une super clinique. Ce projet a été tué dans l’œuf quand le Groupe Robin lui a coupé l’herbe sous le pied en lançant sa propre méga clinique.

La Fondation aurait pourtant pu s’éviter bien des misères si elle avait écouté les judicieux conseils. Selon mes informations, certains de ses administrateurs de l’époque ont préféré démissionner sans fracas plutôt que de cautionner une acquisition qui n’avait aucun sens.

Mais au lieu de comprendre le massage, la Fondation a foncé et multiplié les erreurs. La première fut sans doute de répondre aux ambitions de Royal Lemieux, l’un des architectes derrière la création de Multi-Services Santé Richelieu-Yamaska, le paravent qui protège la Fondation Honoré-Mercier en cas de fiasco. La seconde fut de confier le mandat de négocier l’achat de la Place Blanchet à Denise Cloutier, une administratrice bénévole (!) de la Fondation et courtière immobilière de profession. Elle a empoché au passage une juteuse commission de 145 000 $ pour une bâtisse vendue à gros prix pour l’époque. Bonjour les apparences de conflit d’intérêts, avait noté l’expert en gouvernance Michel Nadeau lorsqu’interrogé par LE COURRIER.

Au minimum, on croit donc comprendre que la Fondation et Multi-Services ont dépensé plus de 8,3 M$ dans l’acquisition et l’entretien de la Place Blanchet depuis 2016. Une boulette qui a pris la forme d’un boulet dont ils cherchent à se défaire avec raison. Ce qui explique qu’ils aient succombé au chant des Habitations Trigone avec son projet de pôle santé de 115 M$. Mais en acceptant l’offre d’achat de ce promoteur immobilier, Multi- Services Santé Richelieu-Yamaska a misé sur le mauvais cheval. La grogne populaire s’est tout de suite manifestée et elle n’a fait que s’intensifier au fur et à mesure que les desseins du promoteur ont été connus. À peine quelques jours après l’annonce du projet maskoutain, Trigone voyait en plus la Régie du bâtiment du Québec révoquer sur-le-champ toutes ses licences. Cela a eu pour effet de torpiller le projet et d’ébranler le conseil municipal plus très chaud, dit-on, à l’idée de favoriser les plans d’un promoteur controversé.

Dans les coulisses de l’Hôtel de Ville, le fait d’apprendre que les Habitations Trigone n’ont pas été en mesure de respecter les engagements dictés par son offre d’achat a été reçu avec soulagement. Soulagement de la part des élus ainsi que des citoyens et commerçants concernés par le pôle santé. Multi-Services Santé Richelieu-Yamaska n’a pourtant pas renoncé à vendre la Place Blanchet pour autant. Certains pensent même qu’il a un plan B et un nouvel acheteur dans la manche. Cela pourrait être une simple question de temps avant qu’un projet de remplacement, peut-être plus modeste, ne soit annoncé. Et il ne faudrait pas se surprendre que le bras immobilier de la Fondation s’y implique, même si un administrateur m’a confié cette semaine son malaise de voir la Fondation s’entêter dans un secteur, l’immobilier, qui outrepasse sa mission première. À cet effet, le silence de la directrice générale de la Fondation Honoré-Mercier n’aide en rien. On aimerait l’entendre et surtout avoir accès aux états financiers de la Fondation et de son bras immobilier, question de s’assurer que les dons faits par les donateurs de la Fondation servent à améliorer la vie des malades et non à chasser par la bande les locataires de la place Blanchet. Et il est plus que temps de stopper l’hémorragie au niveau des dépenses, d’autant plus que la Place Blanchet a perdu bien des plumes et des locataires ces derniers mois. Comme Multi-Services Santé Richelieu-Yamaska a une grosse hypothèque à rembourser, il ne reste plus qu’à espérer qu’il pourra trouver le bon promoteur, le bon projet et obtenir le meilleur prix possible. Il n’a pas le luxe de se tromper à nouveau. Sinon, c’est la Fondation qui pourrait en payer le prix.

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