18 août 2022 - 07:03
Gaudet : un acheteur prêt à reprendre le flambeau
Par: Martin Bourassa
La Pâtisserie Gaudet d’Acton Vale n’est peut-être pas rendue au bout du rouleau malgré la faillite de 23,8 M$ qui vient de lui plomber les ailes. Dès l’annonce de la faillite, des acheteurs ont manifesté leur intérêt à acquérir ses actifs.

L’information a été confirmée au COURRIER par Benoit Fontaine, l’un des responsables du dossier de faillite chez Raymond Chabot. « Nous avons reçu des appels intéressants de gens de l’industrie et, sans vouloir créer de fausses attentes, nous ne mettons pas une croix sur une relance. Il est possible qu’un acheteur puisse redémarrer la production à Acton Vale. »

Questionné sur les causes de la spectaculaire faillite, le syndic a révélé qu’il n’y avait à première vue rien de bien sorcier comme explications. « Gaudet a renégocié ses prix à la baisse avec ses clients en pensant pouvoir augmenter sa production, ce qui n’a pas été le cas. La productivité n’était pas là et la rentabilité encore moins. L’entreprise fonctionnait à perte depuis plusieurs mois déjà. Cette compagnie était fragile. »

L’apport financier de 4,3 M$ d’Investissement Québec au printemps 2021 a entre autres permis l’achat d’équipement qui devait accroître de façon substantielle la capacité de production. « Le rodage a été un enjeu et le gain de productivité n’a pas suivi. »

Martin Dessert sur les rangs

Parmi les candidats souhaitant poursuivre les activités de la pâtisserie, vous pouvez considérer la candidature de Martin Dessert.

La veille de l’incendie, nous avions été en mesure de réaliser une entrevue avec Denis Martin, président directeur général de cette entreprise de Québec.

Spécialisée depuis 1989 dans la confection et la distribution de desserts surgelés pour les marchés d’alimentation et le secteur de la restauration, l’entreprise, qui emploie déjà une centaine d’employés, se disait prête à racheter les principaux actifs de Gaudet afin de relancer la production à Acton Vale. M. Martin n’attendait que le signal du syndic pour venir visiter les installations et soumettre son offre, conscient que le temps était compté. Son objectif? Diversifier l’offre de Martin Dessert en ajoutant les tartes et les tartelettes à son catalogue de produits.

« Il faut bouger rapidement, considère Denis Martin. Plus le temps passe et plus ce sera difficile de redémarrer la machine. Les employés et les clients seront passés à autre chose et il y aura une perte d’expertise. Il faut qu’il se passe quelque chose avant l’automne, car dans trois mois, ce sera peine perdue. La grosse période est à nos portes. »

Le syndic disait de son côté la semaine dernière vouloir se donner encore deux semaines pour lancer le processus de liquidation, tout en favorisant la vente des actifs en bloc plutôt qu’un démantèlement à la pièce. Les actifs restants devraient être mis en vente d’ici la fin de la semaine. Et l’incendie n’a pas refroidi l’enthousiasme ni l’intérêt de Denis Martin. « Ce qui m’intéresse, c’est la nouvelle usine et son contenu. Je passe actuellement mes journées à travailler sur ce projet », a-t-il confié au journal, mardi.

Acton Vale veut récupérer l’autre usine de Gaudet

Il ne reste maintenant que les équipements et l’usine B du parc industriel pour intéresser les acheteurs et celle-ci est la plus moderne du lot. Son statut reste toutefois à clarifier, a appris LE COURRIER.

L’ancien bâtiment de la Corporation de gestion et de promotion du parc industriel d’Acton Vale (CGPPIAV), le bras industriel et immobilier de la Ville d’Acton Vale, avait été vendu pour 1,5 M$ à la Pâtisserie Gaudet à l’été 2016. L’acheteur avait alors versé la somme de 500 000 $ à l’achat, selon l’acte notarié que nous avons consulté, laissant un solde hypothécaire de 1 M$ que Gaudet s’engageait à rembourser sur une période de 15 ans.

L’immeuble avait été offert en garantie.

La Corporation aurait toutefois accepté de partager sa garantie et son premier rang hypothécaire par l’entremise d’un pari passu avec Investissement Québec quand la société d’État est venue à la rescousse de Gaudet en y injectant 4,3 M$ en avril 2021. Mais comme Gaudet n’a pas été en mesure de respecter ses engagements, la CGPPIAV a exercé le 5 août, soit deux jours après la faillite, un préavis d’exercice d’un droit hypothécaire pour prise de paiement. Elle réclame la somme de 650 164 $ en capital, intérêts et taxes foncières impayées. Un délaissement forcé pourrait suivre. Et ce ne serait pas la première fois que la Corporation apparentée à la Ville d’Acton Vale fait appel aux tribunaux à l’égard de Pâtisserie Gaudet.

Après avoir vendu deux terrains industriels de la rue Bonin à Gaudet pour lui permettre de construire une nouvelle usine, la CGPPIAV avait dû s’en remettre à la cour pour les reprendre en novembre 2020.

Plutôt que de se lancer dans une construction neuve, Gaudet avait préféré s’installer dans une bâtisse rénovée de la rue de Roxton qu’elle partage avec la société Life Science Nutritionals. Selon le rôle d’évaluation de la Ville d’Acton Vale, cet immeuble évalué à 2,1 M$ appartient à une société à numéro appartenant à des individus liés aux actionnaires de Pâtisserie Gaudet, selon le syndic Benoit Fontaine.

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