Pas moins de la moitié de son entrepôt est occupé par des produits de la Pâtisserie Gaudet, ce qui complique la bonne marche des affaires en empêchant tout roulement d’inventaire.
Même s’il est en contact régulier avec le syndic au dossier, Stéphane Daviau ignore quand et comment il pourra disposer de cette marchandise encombrante et périssable. Il n’est pas dit qu’il ne devra pas sortir de l’argent de sa poche pour y arriver, même s’il mise sur la collaboration du syndic. Il souhaite obtenir un dédommagement.
Il sera pourtant loin du compte puisque les pertes s’annoncent d’ores et déjà considérables pour cette entreprise qui brasse des affaires avec Gaudet depuis 2006, voire même depuis plus de 25 ans si on considère le passé de l’un des fondateurs de JSMG, feu Michel Tremblay. Parmi les créanciers non garantis de la grande région d’Acton et de Saint-Hyacinthe, JSMG a été l’un des plus affectés. Au moment de la faillite, Gaudet lui devait pas moins de 170 000 $, selon le rapport préliminaire du syndic. « On s’en doutait un peu [de la faillite], mais on vivait d’espoir. Ce n’est pas d’hier que les paiements ont du retard, mais ça finissait toujours par se replacer. Depuis deux ans, c’était pire que pire et on voyait bien que ça tirait de la patte. »
Jusqu’à tout récemment, Stéphane Daviau a continué de faire confiance à l’entreprise, lui qui a expédié des marchandises de Gaudet dans les supermarchés Metro et aux États-Unis jusqu’à la fin juin. « Dans son dernier texto qu’il m’a envoyé le 15 juillet, le directeur me disait que des investisseurs étaient à la banque et que tout se replacerait. Un dépôt direct que m’a fait un des actionnaires de l’entreprise a même rebondi un moment donné. On a fait rire de nous pas mal… », constate avec dépit M. Daviau.
Et il n’attend rien de bon de la suite des choses. La liste des créanciers compte pas moins de 210 créanciers non garantis (14,3 M$) et 11 créanciers garantis (9,5 M$) pour des dettes totalisant 23,8 M$. « La loi sur les faillites, c’est bon pour protéger ceux qui en font. Ce n’est pas fait pour aider les petits créanciers comme moi », ajoute-t-il avec amertume.
Parmi les autres créanciers de la région immédiate, notons entre autres FLM Pro-Mécanique de Saint-Hyacinthe (124 877 $), PP Deslandes de Saint-Hyacinthe (72 185 $), Maintenance ICI de Saint-Valérien-de-Milton (21 260 $), la Ville d’Acton Vale (19 490 $), Imprimerie Sercost (9636 $) ainsi que Nettoyeur JE Therrien et Fils (8690 $), une entreprise appartenant au maire d’Acton Vale, Éric Charbonneau.
Tout s’écroule en juillet
Si les ennuis financiers de Pâtisserie Gaudet ne datent pas d’hier, ses difficultés se sont accélérées à la vitesse grand V depuis quelques semaines, a constaté LE COURRIER.
Une petite compilation des procédures réglées ou pendantes au palais de justice de Saint-Hyacinthe et impliquant cette entreprise valoise est assez révélatrice.
Dès le printemps 2020, on trouve la trace d’un jugement qui accorde un remboursement de 124 261 $ à une entreprise d’entretien ménager au service de Gaudet. Le litige s’est toutefois réglé en mars dernier au terme d’un règlement à l’amiable.
Puis, en mai, un particulier a engagé une procédure dans l’espoir de récupérer une créance de 7758 $. C’est toutefois en juillet que la marmite a sauté. Une firme de consultants en ressources humaines a réclamé le 8 juillet le remboursement d’honoraires de 102 000 $. Un autre créancier a enchaîné quatre jours plus tard avec une réclamation de 14 766 $, puis le 15 juillet, ce fut au tour d’un tiers d’envoyer en collection un compte de 13 156 $. La plus récente procédure remonte au 22 juillet et elle est venue de FLM Pro-Mécanique dans l’espoir de récupérer la somme de 138 919 $.
La faillite de Pâtisserie Gaudet est survenue le 3 août. L’assemblée des créanciers est pour sa part prévue par visioconférence le 23 août.