Le projet, qui permet une réduction d’émission de plus de 7500 tonnes de CO équivalent par année, a vu le jour il y a environ cinq ans. Il a pu se concrétiser par le biais du Programme de soutien à la production de gaz naturel renouvelable (PSPGNR) du ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles. Le gouvernement a d’ailleurs investi 4 M$ dans ce projet.
« Ça contribue à l’objectif du gouvernement d’injecter 5 % de GNR dans le réseau », explique le président et chef de l’exploitation du CTBM, Benoit Paré.
Le CTBM existe depuis 18 ans et traite des matières organiques agroalimentaires provenant notamment de l’industrie laitière et de la transformation animale. Il traite 75 000 tonnes de matières annuellement. Auparavant, elles étaient transformées en matières résiduelles fertilisantes servant à l’épandage dans les champs. Maintenant, l’objectif est d’en faire des engrais biocertifiés. « Il s’agira de matières plus nobles à haute valeur économique. Actuellement, la matière solide qui sort du site est valorisée au champ et on doit payer pour ça », avait indiqué M. Paré dans un article publié par LE COURRIER au début du projet en 2017. À ces engrais s’ajoute le GNR qui, une fois épuré, peut être injecté dans le réseau.
M. Paré indique qu’autant pour les engrais que pour le GNR, il n’est pas prévu d’utiliser le contenu des bacs bruns résidentiels. Il explique que ceux-ci contiennent certaines bactéries et n’assurent donc pas une aussi bonne qualité de produits. Le CTBM et l’usine de biométhanisation de la Ville de Saint-Hyacinthe compétitionnent exactement dans le même créneau.
Les nouvelles infrastructures comprennent des digesteurs pour transformer la matière et un bâtiment servant à la réception et à la transformation. Elles ont été mises en fonction cette année. Le poste d’injection pour Énergir, quant à lui, permet que le GNR soit interchangeable avec le gaz naturel fossile et donc que les clients n’aient pas à adapter leurs équipements. Le projet exige aussi un long conduit de raccordement, mais Énergir ne s’est pas laissé décourager par la distance.
« C’est un raccordement assez conséquent, mais on croit qu’il est important d’aller chercher le GNR où il est disponible », indique le directeur principal aux approvisionnements et développement des gaz de sources renouvelables chez Énergir, Raphael Duquette.
« Il s’agit d’une vitrine technologique pour nous », mentionne, pour sa part, M. Paré.
Par le biais de sa filiale Qarbonex, le CTBM travaille aussi sur trois projets agricoles qui sont en cours de réalisation. Ils sont dans les phases préliminaires d’ingénierie. Trois autres sont aussi à l’étape des négociations. Un projet d’expansion est aussi prévu d’ici deux à trois ans. Celui-ci pourrait permettre d’injecter 1,5 million de mètres cubes de GNR de plus dans le réseau.
Une plus-value pour le virage vert d’Énergir
Ce nouvel arrivage de gaz naturel renouvelable, qui est encadré par un contrat de 20 ans, permet à Énergir d’avancer vers sa cible de 1 % pour 2023 de GNR dans son réseau de livraison. Pour atteindre cet objectif, il lui faut un volume total de GNR de 60 millions de mètres cubes. Le centre de biométhanisation de la Ville de Saint-Hyacinthe a, quant à lui, une capacité d’injection de 12 millions de mètres cubes. Deux autres projets plus modestes, soit ceux de Candiac et de Warwick, participent aussi à ce virage vert. À titre d’exemple, le plus petit, soit celui de Warwick, fournit deux millions de mètres cubes. En 2030, Énergir espère atteindre la cible des 10 % de GNR.
