Quand Bernard Drainville est devenu ministre de l’Éducation, des gens ont dit : « Laissons la chance au coureur. » Auuuuhhh. Quand j’entends ça, les yeux me roulent tellement profond derrière la tête que je vois mon optométriste parce que ça fait mal.
D’abord, c’est pas une course. C’est l’école. Pis à l’école, on court pas dins corridors! On marche, on avance, on progresse, mais on ne court pas. Courir, c’est pour les profs. Ou les élèves des écoles secondaires américaines.
Dans les années 60, on a décidé de consacrer « l’égalité des chances pour toutes et tous en éducation. Et de prendre les moyens d’y arriver. » C’est pas un fantasme de licornes. On l’a réfléchi, écrit et légiféré. Résultat? Le privé sélectionne toujours les meilleurs, mais le public développe des programmes pour les « deuxièmes meilleurs »… et s’occupe encore de toués autres avec ce qui reste. On n’a pas avancé, on a reculé.
Ah pis « donner une chance » c’est quasiment insultant. Maintenant que j’y pense, non, c’est vraiment insultant. Comme être choisi en dernier au ballon-chasseur sans contact. En plus, avec « Barnard » et son passif agressif d’animateur de radio où il dénonçait « l’égoïsme des profs syndiqués » et utilisait plus souvent la démagogie que la pédagogie, le nommer à l’éducation c’est davantage « prendre une chance ».
Mais la pire phrase que j’ai entendue, c’est : « Y peut pas faire pire que Roberge. » Ça, c’est mettre la barre tellement basse qu’il te faut un permis de la voirie. Mais quand j’ai entendu Drainville insinuer qu’en juin, quand toutes les fenêtres sont ouvertes pis qu’il n’y a personne à l’école, y en a pas de CO2 dans les classes… j’ai changé d’idée. Finalement, la barre n’était pas encore assez basse.