En excluant l’enveloppe budgétaire affectée à la gestion des bacs bruns, le surplus a atteint 321 491 $ au terme de l’année 2021. Ce surplus s’évapore toutefois rapidement si on considère la facture liée au traitement du bac brun (voir autre texte).
Plusieurs facteurs ont influencé l’année 2021 autant du côté des revenus que du côté des dépenses, mais c’est principalement une diminution des dépenses qui a permis de dégager un surplus, calcule la Ville de Saint-Hyacinthe, en précisant que le plus récent bilan financier tient compte des frais de financement, mais pas de la gestion des bacs bruns, une première depuis la mise en fonction de l’usine.
L’usine a produit une moins grande quantité de digestat, entraînant ainsi une réduction de la dépense liée à sa disposition, passant de 342 201 $ en 2020 à 196 288 $ en 2021. La Ville ajoute que le résidu a été distribué auprès d’agriculteurs à proximité, permettant des économies de transport. Une meilleure optimisation des presses a aussi permis de réduire l’utilisation des produits chimiques, passant de 648 314 $ en 2020 à 420 389 $ en 2021.
Des clients qui se font rares
Le principal enjeu de 2021 a été celui d’obtenir les matières organiques des entreprises agroalimentaires. Selon le directeur général de la Ville de Saint-Hyacinthe, Louis Bilodeau, l’explosion du prix des grains a poussé des producteurs agricoles à utiliser les matières organiques pour nourrir leur bétail. Cette option coûtait ainsi beaucoup moins cher aux entreprises agroalimentaires que le recours à la biométhanisation. Les revenus de biométhanisation liés aux intrants se sont élevés à 2 253 892 $ en 2021 , alors qu’ils atteignaient 3 150 692 $ en 2020.
« Au lieu de nous amener la matière pour qu’on puisse la valoriser en énergie renouvelable, les entreprises se sont tournées vers les producteurs agricoles qui, voulant économiser sur le prix du grain, choisissent d’accepter la matière. On a été confrontés en 2021 à une réduction des matières organiques à traiter. Ça devient un défi pour la filière », souligne M. Bilodeau.
Les municipalités tardent également à délaisser l’enfouissement pour utiliser la collecte des matières organiques, déplore le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard. Il dénonce également le « retard » que prend le gouvernement du Québec à bannir le détournement de matières organiques vers l’enfouissement.
Selon le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, l’interdiction de recourir à l’enfouissement pour disposer des matières organiques n’est pas l’avenue privilégiée. La Stratégie de valorisation de la matière organique (SVMO) repose sur une approche progressive composée d’incitatifs. Au moment du bilan de mi-parcours en 2025, une évaluation de l’atteinte de ses objectifs sera réalisée et le bannissement de l’enfouissement demeure une avenue potentielle, souligne la relationniste du Ministère, Sarah Bouvelle. « Plusieurs municipalités ne sont pas encore prêtes à valoriser leurs déchets. Elles poursuivent l’enfouissement. […] Majoritairement, les municipalités n’ont pas pris les mesures pour gérer les matières organiques, alors que, à Saint-Hyacinthe, on a tout ce qu’il faut pour le faire », poursuit M. Beauregard.
L’usine de biométhanisation a la capacité de produire 13 millions de mètres cubes de gaz naturel renouvelable par année. Dans les faits, on y produit plutôt autour de 3,5 à 5 millions de mètres cubes, précise M. Bilodeau.
Meilleurs tarifs
Saint-Hyacinthe a pu compter sur un ajustement du tarif versé par Énergir. Le taux signé en 2017 était de 9,50 $ du gigajoule. En 2021, le tarif a atteint 11,48 $ du gigajoule. Selon M. Bilodeau, une optimisation des installations a permis de produire plus de gaz avec moins d’intrants. Au final, les revenus liés à la vente du biométhane ont doublé entre 2020 et 2021 pour s’élever à 2 324 068 $.
Malgré tout, le maire n’est pas encore satisfait. Les usines qui ont de plus petites capacités bénéficient d’un tarif plus avantageux que Saint-Hyacinthe puisqu’elles ne peuvent pas faire d’économie d’échelle, un principe établi il y a plusieurs années, enchaîne-t-il. Toutefois, l’usine de Saint-Hyacinthe est loin d’être exploitée à son plein potentiel.
« On souhaiterait être payés plus. Je trouve qu’il y a une iniquité envers la Ville de Saint-Hyacinthe. On a encore beaucoup de [marge de manœuvre]. Dans le contexte, on est rémunérés en conséquence d’un volume plus gros que ce qu’on réussit à faire présentement. La Ville est donc pénalisée », souligne M. Beauregard. ß