Ce n’est pas une surprise, dans la mesure où le feu vert était attendu depuis les dernières élections municipales à l’automne 2021, quand l’aménagement d’un nouveau parc nature à Saint- Hyacinthe est soudainement devenu ou revenu d’actualité, selon votre connaissance du dossier qui avait été très peu publicisé jusque-là. Et on ne parle pas de n’importe quel parc. Avec ses quelque 108 hectares, il s’agit d’un parc légèrement plus grand que le parc Les Salines, par trois hectares. Pour les amateurs de football américain, la taille de ce parc en devenir pourrait facilement accueillir 242 terrains, en excluant du calcul la zone de but. C’est grand longtemps! Grand, mais sans relief. Disons que tout l’aménagement reste à faire.
Cet immense terrain de jeu appartient aux Sœurs de la Charité, mais le promoteur immobilier Groupe Robin (qui d’autre?) avait en main une promesse d’achat qu’il n’a jamais exercée pour des raisons qui lui appartiennent.
Selon la Ville de Saint-Hyacinthe, l’expropriation permet de clarifier la suite des choses. Les procédures légales liées à l’expropriation impliqueront seulement la Ville et la congrégation religieuse, tout comme la négociation si jamais la bonne volonté incitait les parties à s’entendre à l’amiable sur la juste compensation à verser aux religieuses.
La Ville estime ce juste prix à environ 4 M$, peut-être un peu plus.
On pourrait sans doute s’étonner de voir le Groupe Robin avaler sa pilule sans rouspéter, sans chercher à obtenir réparation. Mais sans présumer de ses chances de succès, il faut se demander si le fait de s’opposer aux plans de la Municipalité ne serait pas plus dommageable au niveau de l’opinion publique.
On voit mal pourquoi une entreprise ou une organisation religieuse multiplierait les embûches pour s’opposer à la création d’un espace vert public qui représente le plus important investissement écologique de cette nature depuis les cinquante dernières années. Qui à part peut-être l’Union des producteurs agricoles, dans la mesure où la mise en valeur du parc passera éventuellement par le changement de zonage de lots qui sont présentement cultivés. La majeure partie des 108 hectares appartiendrait à cette catégorie. La bénédiction de la Commission de protection du territoire agricole sera donc nécessaire pour développer le projet à son plein potentiel. Rappelons que l’idée consiste à conserver une partie cultivable, mais aussi à reboiser certains secteurs et à aménager des jardins communautaires et des plaines pollinisatrices.
Deux petits lots sont prêts à être aménagés rapidement, mais il faudra davantage pour en faire un attrait d’envergure susceptible de soulager le parc Les Salines ou même le Boisé des Douze. Alors qu’elle sort victorieuse, mais un peu échaudée de sa bataille éreintante dans le dossier Exceldor, la Ville ne semble pas pressée plus qu’il ne le faut de retourner débattre devant les commissaires de la CPTAQ.
Dans l’immédiat, ses énergies seront consacrées à l’expropriation et/ou à la médiation, selon ce que décideront les Sœurs de la Charité. J’ai peine à croire qu’un terrain d’entente ne pourra pas être trouvé rapidement. Peut-être après que la Ville de Saint-Hyacinthe aura fait son acte de contrition à l’égard de celles qu’elle pourrait avoir offensées. Les religieuses ont en effet appris par l’intermédiaire du COURRIER que la ministre autorisait l’expropriation des terres de la Métairie à des fins municipales. Les élus s’en étaient réjouis et félicités publiquement à la séance du conseil du lundi 16 janvier. Ce n’est que le lendemain que la Ville aurait eu la délicatesse d’en informer directement les sœurs.
Personne n’ira brûler en enfer pour autant, mais c’est un peu ordinaire comme approche diplomatique quand on cherche une bonne entente avantageuse à La Providence, n’est-ce pas?