« Je suis en poste depuis cinq ans et les prévisions quant à la pénurie d’enseignants n’étaient déjà pas reluisantes à ce moment. La pandémie a simplement amplifié le tout. Plusieurs enseignants quittent le bateau ou prennent leur retraite plus tôt en raison des décrets qui détériorent leurs conditions de travail à la vitesse grand V », soutient-il.
En plus d’engendrer des démissions chez les nouveaux enseignants et ceux d’expérience, le phénomène a aussi un impact sur le faible nombre d’inscriptions des étudiants à l’université pour devenir enseignants.
L’intégration des élèves à tout prix : le cœur du problème
M. Théroux est convaincu que d’intégrer des jeunes avec des besoins particuliers dans des classes régulières n’est vraiment pas ce qu’il faut faire. « Les enseignants sont épuisés, car ils mettent beaucoup de temps pour aider ces élèves. On leur dit qu’on va leur offrir l’aide d’une éducatrice spécialisée, mais une heure par semaine ce n’est pas suffisant », dit-il.
Il ajoute d’ailleurs que, parfois, l’éducatrice spécialisée est occupée à remplacer un enseignant absent. Les éducatrices en service de garde viennent alors en renfort, mais ne sont pas formées pour ces tâches. Les parents ne sont aussi pas toujours avertis que l’aide n’est plus disponible.
Le président du syndicat a aussi déploré la nouvelle approche prônée par les gestionnaires qui consiste à faire sortir tous les élèves sauf celui en crise. « Cet élève n’a pas les services pour répondre à ses besoins particuliers et cela ampute des services aux autres », affirme-t-il. Il a aussi ajouté que certaines classes ont un profil d’adaptation scolaire, mais sans un enseignant formé dans cette spécialité.
Selon Patrick Théroux, l’enseignement positif sans conséquence pour l’élève avec un mauvais comportement est aussi néfaste. « Les enseignants se font traiter comme des moins que rien par des élèves et il ne se passe rien. Ça mène à des cas d’invalidités », lance-t-il.
Il déplore aussi que les enseignants ne soient pas écoutés quand ils soutiennent qu’un élève doit redoubler son année scolaire. « L’école, ce n’est pas une machine à saucisses. Le redoublement doit faire partie de l’équation », déclare-t-il.
M. Théroux ne comprend pas non plus pourquoi des classes de maternelle quatre ans continuent de s’ajouter en pleine pénurie de personnel.