Fin des années 60 au Satellite Restaurant à Chatham, Ontario. Sam Panopoulos réunit ses disciples autour du four à pain. Il prit l’ananas, le rompit et le mit sur la pizza avec du jambon et du bacon et dit : « Prenez et mangez-en tous, ceci est ma pizza, livrée pour vous. »
Sam venait de créer une recette aujourd’hui célébrée dans le monde entier : la pizza hawaïenne! Digne des mets les plus raffinés, cet audacieux mélange et sa chimie étrange titille mes papilles et m’illumine l’umami.
Pour certains, un délice, pour d’autres, un supplice. Le débat sur la pizza à l’ananas est plus intense que celui sur l’origine de la poutine qui met Warwick, Drummond et Victo à feu et à sang depuis des siècles. La seule évocation du mot en « A » révulse les puristes de la pizza qui refusent l’inclusion des fruits sur leur pâte salée sacrée. Osez dire que la tomate est elle-même un fruit, ils vous regarderont avec mépris.
Comme le disait sagement Gandhi : « Who gives a shit? ». Qui sont-ils pour juger de la relation entre une bouche et un estomac pourvu qu’ils soient consentants? C’est la nature qui a voulu que le porc et l’ananas fassent librement l’amour dans notre palais.
La pizza hawaïenne est la plus grande invention canadienne depuis le basketball, le téléphone pis l’insuline. Le courage, le talent et le bon goût de Sam Panopoulos devraient en faire un Canadien plus célébré que Terry Fox, Wayne Gretzky et Don Cherry.
C’est l’aboutissement de 155 ans d’Histoire et la seule raison pour me faire devenir fédéraliste en cas de séparation! Les plaisanteries, le rejet ou les arguments les plus abjects, rien ne pourra invalider mon ressenti et je veux aujourd’hui crier au monde entier : « J’aime la pizza à l’ananas! »