« Mon père avait un charisme et une présence du diable, confie son fils Félix, président du Groupe Yamaska. C’était un homme bon, droit et généreux, un être inspirant. Il est parti de rien à 36 ans et il a réussi à bâtir une entreprise solide et admirée. C’est une grande réussite! »
Jean-Paul Lambert a en effet laissé une marque indélébile dans l’industrie automobile à Saint-Hyacinthe, au Québec et à travers tout le Canada. Le mot « précurseur » est sans doute celui qui traduit le mieux l’envergure du personnage.
« Plus que tout autre, il a beaucoup influencé le monde de l’automobile localement bien entendu, mais aussi, et surtout, à l’extérieur de la région. C’était un avant-gardiste qui savait percevoir les tendances. Il a été l’un, sinon le tout premier mégaconcessionnaire au Québec à posséder plusieurs bannières en même temps. C’est aujourd’hui devenu la norme dans l’industrie, alors on peut dire qu’il a pavé la voie », a témoigné Marc Bouchard, chroniqueur automobile du COURRIER.
Ce dernier s’est dit profondément attristé par le décès de celui envers qui il a toujours eu un profond respect et une grande admiration. Une amitié professionnelle qui remonte aussi loin qu’en 1982, s’est-il souvenu. « C’est Jean-Paul Lambert lui-même qui m’a vendu ma toute première voiture neuve, une Ford EXP. Il fallait être un sacré bon vendeur! », rigole celui qui a toujours eu des goûts particuliers en matière de voitures. Plus sérieusement, Marc Bouchard estime que le décès de M. Lambert représente une lourde perte à bien des égards. « C’était un modèle rare, a-t-il illustré. Un homme d’une grande classe, sophistiqué. En début de carrière, il était pour moi une référence lorsque je cherchais à comprendre les rouages et toutes les nuances de cette industrie qu’il a cherché à faire évoluer par son implication. »
Président de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec en 1982, Jean-Paul Lambert a aussi été l’un des premiers francophones à assumer la présidence de l’Association canadienne des concessionnaires automobiles, un réseau qui comptait quelque 3500 membres à travers le pays à cette époque.
Un visionnaire
Après des études en philosophie et en administration, puis avoir occupé différentes fonctions à l’Industrial Acceptance Corporation, Jean-Paul Lambert s’est lancé en affaires en 1968 dans le secteur automobile en faisant l’acquisition de Yamaska Automobile, la concession Ford de Saint-Hyacinthe. Cet achat a été le premier d’une série d’investissements.
Huit ans plus tard, Yamaska Automobile quittait la rue Dessaulles pour s’établir sur le boulevard Casavant. Ce déménagement dans de nouveaux locaux de 44 000 pieds carrés a été la pierre angulaire de ce qui allait devenir le Boulevard de l’auto.
En 1981, au plus fort de la crise économique, il a joué d’audace en misant sur les produits japonais, qui étaient à la veille de faire une percée, croyait-il. Il a acquis une franchise Honda, puis à peine deux ans plus tard, il a inauguré à Saint-Hyacinthe une des premières concessions de la marque coréenne Hyundai au Canada. Ont suivi les franchises Nissan (1984), Mazda et Acura (1991) qui se sont toutes établies dans le même secteur. « Le Boulevard de l’auto, tout était là », se souvient Marc Bouchard.
Aujourd’hui, les fils Lambert, Félix et Alexandre, et son petit-fils Christophe poursuivent l’œuvre du patriarche de la famille à la tête des concessions Honda, Hyundai et Kia à Saint-Hyacinthe.
De toutes les causes
Jean-Paul Lambert ne s’est pas contenté d’être un homme d’affaires aguerri. En plus de s’impliquer au sein de son industrie, son engagement a été multiple.
« Mon père était à l’écoute des autres et il n’a jamais été avare de ses conseils. Plusieurs entrepreneurs et assiociations peuvent en témoigner aujourd’hui », souligne Félix Lambert.
Rappelons simplement l’implication de Jean-Paul Lambert à de nombreux conseils d’administration, dont celui de la Fondation du centre hospitalier Honoré-Mercier. Il fut aussi président des chambres de commerce locale et provinciale, et président et gouverneur du concours Les Mercuriades.
Au Gala des affaires de 1992, le Groupe Yamaska avait remporté le Grand Prix du Jury, après avoir réalisé des investissements de 3 M$ et affiché un chiffre d’affaires de 75 M$.
Récipiendaire de la médaille commémorative du 125e anniversaire de la Confédération du Canada et lieutenant-colonel honoraire du 6e Bataillon Royal 22e Régiment de 1997 à 2000, M. Lambert a aussi siégé au conseil d’administration de la Société des alcools du Québec et au conseil exécutif du Parti libéral du Québec.
Outre son épouse Isabelle L’Heureux, Jean-Paul Lambert laisse entre autres dans le deuil ses enfants, Félix, Olivier, Valérie et Alexandre. Ses funérailles seront célébrées le lundi 20 mars à 14 h en la cathédrale de Saint-Hyacinthe.