Ce n’est pas banal, mais ce n’est rien d’illégal pour autant à ce que je sache.
C’est au pire préoccupant sur les bords, jusqu’à preuve du contraire.
Un fait demeure : n’importe quel promoteur aux poches profondes peut acheter autant de propriétés qu’il le souhaite sur un territoire ou dans un quartier donné sans que personne, ni même une Municipalité, ne puisse trouver à redire.
Souvenez-vous des intentions du Groupe Trigone à la Place Blanchet ou encore du promoteur de Châteauguay qui a réussi à mettre la main sur tout le pâté de maisons près de l’ancien presbytère et de l’ancienne église Christ-Roi à l’été 2020.
De toute évidence, Philippe Foisy et Gabriel Lachance-Foisy, décrits comme les fondateurs de la firme Beatimo – Capital, savent qu’il y a de bonnes affaires chez nous. Et ils font honneur au capitalisme depuis qu’ils ont jeté leur dévolu sur le centre-ville de Saint-Hyacinthe. La liste de leurs acquisitions est impressionnante et la recension de celle-ci présentée sur deux pleines pages dans notre édition du 27 avril frappe l’imaginaire. Disons qu’elle a surpris nombre d’agents immobiliers et de notaires locaux qui n’avaient pas eu vent de cette razzia maskoutaine initiée par les deux frères.
Ces derniers n’achètent pas des châteaux, que non, ni des taudis.
Il est question principalement de plex de deux à six logements dont la valeur varie principalement entre 225 000 $ et 750 000 $. Et on raconte qu’ils n’auraient pas terminé leurs emplettes. D’autres offres d’achat seraient en circulation.
Combien et dans quel but exactement? Mystère et boule de gomme.
L’intention derrière ces acquisitions n’est pas encore très claire, mais cela ne semble pas fait avec l’intention de se monter tranquillement un portefeuille immobilier significatif qu’on gérera à la bonne semaine en préparation de nos vieux jours.
Quand on s’attarde aux différentes vidéos promotionnelles de l’entreprise, il est question de créer de la valeur et du bonheur « en bonifiant l’offre de logements abordables, tout en gardant un bon équilibre au niveau financier pour les investisseurs ».
Personne ne peut être contre la création de bonheur. Du bonheur, je vous en souhaite des tonnes, chers lecteurs, et j’en souhaite également aux propriétaires qui se départissent de leurs immeubles et aux locataires qui continuent de les habiter.
L’idée de bonifier l’offre de logements abordables au centre-ville est excellente et mérite d’être encouragée, voire applaudie à deux mains, mais encore faudrait-il qu’on nous dise comment on compte s’y prendre. En restaurant et en améliorant des immeubles ou en les démolissant et en les remplaçant par des nouveaux?
Nous en saurons davantage au cours des prochaines heures sur les motivations et les intentions des Foisy. Un suivi sera fait dans une prochaine édition.
Semblerait que nos élus municipaux auront aussi la chance de rencontrer et d’entendre les deux jeunes promoteurs ces prochaines semaines. Il est à peu près temps. Selon ce qu’en sait la directrice générale Chantal Frigon, les intentions des promoteurs sont louables et alignées sur les orientations municipales.
Je ne sais pas trop comment il faut interpréter ça et si cette déclaration sera vue comme quelque chose de rassurant par les groupes communautaires qui n’ont pas encore digéré la façon dont le projet de Groupe Sélection s’est imposé au centre-ville.
La ligne est parfois très mince entre revitalisation et embourgeoisement. Trouver l’équilibre est un art et la Ville a encore tout à prouver à ce niveau. Si elle ne peut empêcher des promoteurs de s’activer et de multiplier les acquisitions, elle a un certain pouvoir d’encadrement sur la suite des choses puisque c’est elle qui délivre les autorisations et les permis de construction.
Elle aurait aussi la liberté d’exiger d’un promoteur qu’il intègre du logement social ou abordable dans ses projets, mais elle préfère jusqu’ici encourager le libre-marché et la création de HLM. À première vue et même à la deuxième, cette stratégie semble plaire aux promoteurs.