J’étais invité à prendre la parole comme ambassadeur des 50 ans de la polyvalente Hyacinthe-Delorme et quand je me suis retrouvé dans les coulisses de l’auditorium, attendant mon tour d’entrer en scène, je me suis revu à 16 ans, attendant au même endroit.
Le timide gringalet que j’étais dans les années 80 allait monter sur scène pour y jouer du théâtre ou de l’impro, n’importe quoi, pourvu que ce soit sur une scène en train d’incarner n’importe qui, sauf moi. Entoucas, c’est ce que je croyais à cette époque où les nerds n’étaient vraiment pas à la mode. Je rêvais d’être quelqu’un d’autre. Quand je suis arrivé à la poly, grosses lunettes, pantalon de corduroy, sac Adidas rempli de livres et calculatrice TI35 dans la poche avant de ma chemise carreautée à boutons pression, j’étais celui qu’on poussait dans les cases avec plaisir. Même moi, je me serais poussé dedans si je m’étais croisé.
Jusqu’à ce que je fasse de l’impro et du théâtre. Tout à coup, j’étais celui qui faisait rire, qui créait, qui incarnait quelque chose d’autre que lui-même.
J’ai pensé à ma prof de théâtre, Esther Dallaire, et à mon coach d’impro, Mario Borges, qui avaient vu quelque chose en moi et l’avait encouragé. J’ai pensé aussi à tous ces profs formidables, dévoués et à l’écoute que j’ai croisés sur ma route à la PHD en maths, français, bio, chimie et qui croyaient en moi, m’encourageaient, me donnaient les moyens de passer à travers le secondaire.
Mais aussi, d’une manière plus générale, tout le personnel enseignant et les employés de soutien de l’école publique qui, chaque jour, donnent une chance égale à tout le monde de réaliser que le véritable but n’est pas de devenir quelqu’un d’autre, c’est de simplement devenir soi-même.
Tellement de mercis.