8 juin 2023 - 07:02
Campagne publicitaire de la SDC centre-ville
À la défense des morons prétentieux
Par: Le Courrier
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

« Sur le plan du style, des idées et de la profondeur, les éditoriaux de Bourassa sont comme les anciennes chroniques de Foglia, mais en mieux! À quelques formulations près. Et au niveau du contenu, Le Courrier de Saint-Hyacinthe, c’est comme le New York Times, mais en mieux. En français et à quelques lecteurs près! »

Ces quelques lignes résolument humoristiques m’ont été librement inspirées de la campagne publicitaire que vient de lancer la Société de développement commercial (SDC) centre-ville Saint-Hyacinthe. Une campagne qui se veut « ludique, humoristique » et sans prétention, malgré les apparences.

Peut-être avez-vous vu passer sur Facebook, Instagram, à la télévision ou encore au cinéma les capsules vidéo de cette campagne. Ou peut-être avez-vous pu voir cette publicité sur le panneau publicitaire installé à l’intersection des autoroutes 20 et 30, à défaut de voir de grandes pages de publicité dans nos journaux.

L’achat local ne semble pas être une grande priorité de la SDC en matière de publicité et de visibilité. À peine quelques miettes pour DBC Communications sur un budget de 300 000 $, ce qui représente le budget de développement de cette désopilante (?) campagne orchestrée par l’agence Mobux… de Beloeil.

Le concept autour duquel s’articule cette campagne annonce que « le centre-ville de Saint-Hyacinthe, c’est comme l’Europe, mais en mieux! À quelques exceptions près, comme la tour Eiffel. »

C’est gros, très gros comme affirmation. ÉNORME pour reprendre une célèbre affirmation d’une autre campagne publicitaire de la grande région de Saint-Hyacinthe qui a finalement fait plus de tort que de bien à notre image de marque, tout en dilapidant au passage 1,2 M$.

J’adore mon centre-ville, mais je ne pense pas qu’il y ait un Maskoutain qui puisse prétendre sérieusement que nous n’avons rien à envier à l’Europe. Malheureusement, l’humour et le deuxième degré passent mieux dans les capsules vidéo que sur les panneaux statiques ou sur les photos qui circulent sur les réseaux sociaux. Car comme il fallait s’y attendre, les images du panneau ont mis le feu aux réseaux sociaux, les uns en profitant pour traiter les Maskoutains d’ignorants et d’arrogants; les autres renchérissant d’humour grinçant en dénigrant sans retenue notre centre-ville.

Devant ce délire ou ce tollé, c’est selon, le directeur général de la SDC, André Marcotte, garde pourtant le sourire. En entrevue au COURRIER, il se félicite même de ces premières réactions puisque la campagne a atteint la cible, selon lui. Oui, elle ne laisse personne indifférent et fait parler du centre-ville. Mais surtout en mal, pas en mieux. Le DG de la SDC préfère en rire, c’est son choix.

La réalité du centre-ville est pourtant beaucoup moins bucolique que ce que véhicule cette campagne publicitaire. Même que son timing n’aurait pu plus mal tomber pour attirer une nouvelle clientèle au centre-ville, où nos commerçants peinent souvent à s’entendre sur leurs heures d’ouverture et ferment presque tous boutique les dimanches. Et les alentours du Centre des arts Juliette- Lassonde sont actuellement comme les rues du Vieux-Montréal, incluant chantiers et cônes. Sans parler des itinérants.

Dans une note envoyée à ses membres lundi, André Marcotte disait d’ailleurs s’inquiéter de l’augmentation de cas [impliquant] les gens qui sont en situation d’itinérance ou avec des problèmes de santé mentale au centre-ville. La SQ et différents organismes travaillent très fort en ce moment pour calmer le jeu, écrivait-il. « Pour ne pas perdre les acquis, sachez qu’il y a beaucoup de mesures répressives en ce moment. De plus, comme plusieurs constats sont émis, nous vous demandons d’appeler la police dès que vous êtes témoins de quelque chose qui ne va pas. »

En matière de solution, j’ignore comment les choses se passent en Europe, mais donner des tickets aux itinérants, ça ne règle pas grand-chose. Je ne sais pas ce qu’en pense Foglia, mais peut-être aurait-il fallu consacrer l’argent reçu pour la relance du centre-ville à l’embauche de travailleurs de rue plutôt qu’à une campagne de publicité « ludique et dynamique » qui fait surtout passer les Maskoutains pour des morons prétentieux.

À quelques exceptions près.

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