En 2020, le Groupe Forman, investisseur immobilier, a fait l’acquisition de tout le pâté de maisons formé des avenues Robert et de la Concorde Nord et des rues Saint-Antoine et Marguerite-Bourgeoys, à l’exception de la Salle Théâtre La Scène. L’investisseur immobilier comptait y aménager un immeuble résidentiel locatif dans le but de revitaliser le quartier.
La demande vise la démolition de cinq bâtiments situés sur les avenues Robert et de la Concorde Nord et sur la rue Saint-Antoine. Le projet de requalification présenté par le comité planifie la reconstruction d’un immeuble résidentiel de cinq étages comportant 96 logements locatifs et un stationnement souterrain.
Le comité de démolition est composé de Bernard Barré, conseiller municipal du quartier La Providence, de Claire Gagné, conseillère municipale de Bois-Joli et présidente du comité consultatif d’urbanisme (CCU) et d’André Arpin, conseiller municipal de Hertel–Notre-Dame. Jeannot Caron, conseiller municipal du district Cascades, ainsi que Pierre Thériault, conseiller municipal du district Yamaska, ont également participé à cette rencontre publique à titre d’observateurs attentifs.
Le CCU a émis un avis préliminaire favorable au projet de construction, mais sous certaines conditions, dont la prévision d’une offre de logement abordable visant à remplacer les logements détruits par le promoteur immobilier.
Une trentaine de citoyens ont fait part de leurs préoccupations vis-à-vis de la disparition progressive des logements abordables à Saint-Hyacinthe. Malgré la présentation détaillée du projet de construction, les citoyens ne semblaient pas convaincus et n’avaient qu’un seul mot d’ordre : rénover et non démolir. Ils se sont clairement opposés à l’idée de tout raser pour construire ce nouveau projet résidentiel. Inquiétude et crainte ont été les maîtres mots de la plupart des interventions. Quant aux personnes qui ont soumis leur opposition par courriel, le nombre de lettres adressées est estimé à 191.
Josianne Daigle, directrice au Centre d’intervention jeunesse des Maskoutains (CIJM), travaille depuis 25 ans dans le milieu communautaire maskoutain. Elle a tenu à partager son inquiétude par rapport à l’augmentation de la médiane du logement abordable au centre-ville. « Le logement, c’est un droit vital et ne devrait pas être une simple considération. Il ne faut pas démolir du logement abordable pour recréer une médiane plus haute avec des logements qui ne seront certainement pas abordables. »
Questionnée sur ses impressions quant au dénouement du dossier, la directrice du CIJM estime qu’il est difficile de prévoir de quel côté penchera le conseil. « L’ensemble du conseil n’étant pas présent, il est difficile d’évaluer à quel niveau il est à l’aise avec le projet, mais c’est certain que le conseil a des préoccupations financières par rapport au type de projet. C’est dur à dire, mais une chose est sûre, l’avis de la population est clair », souligne-t-elle.
En tant qu’élu municipal, Bernard Barré a défendu sa vision pour la question du logement abordable. « On est vraiment sensibles au logement abordable. Depuis deux ou trois ans, il n’y a pas une réunion où cette question n’a pas été prioritaire. On y investit énormément de temps. On a toujours le logement abordable en tête. On fait tout notre possible. » Il a ajouté que, depuis quelques années, des fonds sont réservés au logement abordable lors de la préparation budgétaire. « On est conscients que le besoin est concret. On est en train de frôler le million [de sommes réservées]. Plus de 80 % du budget d’une Municipalité, ce sont les taxes. Et les taxes, c’est nous tous. On fait notre possible. Ce qu’on recherche, c’est un équilibre financier et on cherche la mixité au centre-ville », soutient Bernard Barré.
Dans les prochains jours, le comité de démolition compte aviser les citoyens de la date où la décision finale de démolir ou non sera prononcée.
Une démolition accordée
L’ancien entrepôt annexé au bâtiment où se trouvait le centre de réinsertion sociale L’Inter-Mission, au 588-590, avenue de la Concorde Nord, fera pour sa part l’objet d’une démolition, a-t-on appris lors de la rencontre publique. Après évaluation du CCU, l’entrepôt pourra être démoli puisqu’il y a une contamination sur cette partie du terrain. La demande s’inscrit dans le cadre d’un projet de rénovation du bâtiment principal et, à la place du bâtiment démoli, un espace végétalisé comprenant au minimum deux arbres de calibre moyen devra être aménagé.