Il y a le feu réconfortant qu’on allume dans la cour quand les invités arrivent et se souhaitent bonne Saint-Jean. Le feu lent pour les saucisses, celui plus discret pour les « p’tits pétards » et les feux majestueux qu’on admire avec les enfants, la tête vers les étoiles en s’écriant ho et ha. Et il y a celui qui brûle encore aux petites heures de la nuit sur le terrain municipal quand le band chante « Provocante ».
Le feu peut-être de joie, mais aussi d’effroi. Comme le feu qu’une main criminelle allume la nuit derrière le cabanon ou sous le pont et qui peut jeter des familles à la rue, dévorer les maisons et engloutir toute vie. Comme ces gigantesques feux au nord d’ici, qui rôdent près des villes, dont les flammes lèchent jusqu’aux cimes des arbres et la fumée traverse les frontières. Pourtant, ces brasiers spectaculaires qui font l’actualité sont moins dangereux que d’autres dont il faudrait davantage s’inquiéter : ces feux qu’on ne voit pas encore et qui couvent sous nos pieds.
Comme la surchauffe immobilière qui éloigne de plus en plus de gens d’un logis décent, et ce premier ministre déclarant d’un ton pompier-pyromane que « la hausse du prix des maisons est un mal nécessaire pour ne pas rester pauvre ». Déclaration incendiaire à vous mettre le feu au derrière. Encore il se fait Marie-Antoinette : « Ils n’ont pas de logement? Qu’ils s’achètent un condo! »
Méfions-nous des feux qui couvent. Ceux qu’on ne voit pas encore (ou qu’on s’entête à ne pas voir) peuvent détruire bien plus de vies que les feux de fous ou de foudre.
En cette fête nationale, je ne vous souhaite que le feu qui réchauffe, réconforte et donne envie de partager, pas celui qui détruit. Faites attention à vous, mais encore plus aux autres.