22 juin 2023 - 07:00
Année scolaire mouvementée à Saint-Hyacinthe
Congé de crises
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

C’est un euphémisme de dire que la dernière année scolaire a été éprouvante au Cégep de Saint-Hyacinthe et au Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe (CSSSH) où les crises médiatiques se sont accumulées récemment.

C’est sans doute par un soupir de soulagement que les directions ont accueilli l’été. Au Cégep de Saint-Hyacinthe, on ne mesure pas encore pleinement les effets qu’aura la saga entourant le retrait précipité du directeur général Emmanuel Montini, en congé de maladie depuis la mi-mai. Sera-t-il à son poste à la rentrée? Voilà une patate chaude pour la ministre de l’Éducation supérieure, Pascale Déry, puisque la maladie du principal intéressé aura peut-être compliqué l’enquête administrative interne sur la gouvernance du cégep.

Le syndicat des professeurs du cégep a pour sa part exigé la démission du directeur général et il ne s’attend à rien d’autre qu’à un changement de DG à l’automne. On verra si ce souhait sera exaucé.

Le Centre de services scolaire de Saint-Hyacinthe vient pour sa part de traverser une zone de turbulences. L’embauche d’un nouveau directeur général adjoint a fait réagir et c’était prévisible. En retenant la candidature de Patrice Brisebois et en la défendant bec et ongles, la direction s’est placée elle-même dans une situation inconfortable et délicate. Il faut aimer le trouble pas à peu près ou ne pas avoir suffisamment de feux à éteindre dans les écoles pour se placer soi-même dans une position aussi vulnérable sur la place publique.

Il faut savoir que de 2013 à 2020. M. Brisebois a été directeur de l’école secondaire Saint-Laurent à Montréal, où trois entraîneurs de basketball font face à des accusations de crimes de nature sexuelle, sur fond d’abus verbaux et psychologiques qui se sont étirés sur plusieurs années. Cette affaire de crimes sexuels a éclaté dans l’actualité à l’hiver 2022.

Dans un reportage de La Presse paru le 5 février 2022 et intitulé « L’Omerta de la direction dénoncée », l’ancien directeur, qui ne fait face à aucune accusation, faut-il préciser, ne paraît quand même pas très bien. Une ancienne intervenante scolaire et professionnelle de la santé a confié avoir tenté de dénoncer la situation et a raconté s’être fait rencontrer par M. Brisebois. « Il criait et m’insultait. Il me disait que si j’avais travaillé pour la [commission scolaire Marguerite-Bourgeoys], il m’aurait renvoyée immédiatement, parce que j’avais dénoncé. […] Je me suis fait engueuler comme du poisson pourri. »

Patrice Brisebois n’avait pas donné suite à la demande d’entrevue de La Presse et, à ma connaissance, il n’a jamais donné publiquement sa version des faits. Le rapport d’enquête administrative commandé par le ministère de l’Éducation étant en grande partie caviardé, il est impossible d’apprécier le rôle et les manquements, s’il y a lieu, de la direction.

Après son départ de l’école secondaire Saint-Laurent, Patrice Brisebois a occupé brièvement un poste de directeur à l’organisation scolaire et au transport au Centre de services scolaire Marguerite- Bourgeoys, puis de directeur des technologies de l’information au Centre de services scolaire de Laval à partir de décembre 2020. C’est là qu’il vient d’être repêché par le CSSSH. En plus d’un poste de DGA, on lui offre par la bande l’absolution puisque cette nomination controversée a forcé le directeur général du CSSSH à se porter à sa défense.

« On a accueilli cette candidature avec un œil doublement vigilant, a assuré Jean-Pierre Bédard, un ancien DGA du Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys. Le processus a été des plus rigoureux. […] M. Brisebois s’est démarqué à travers les candidatures qu’on a retenues. […] C’est un gestionnaire aguerri. [..] On n’a aucun malaise à l’accueillir. »

Les syndicats du CSSSH n’ont pourtant pas tardé à manifester leur malaise, tout comme la députée Marwah Rizqui, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’éducation. C’est dans ce contexte assez particulier que M. Brisebois commencera bientôt ses fonctions.

Et comme une controverse vient rarement seule, le CSSSH s’est aussi retrouvé sur la sellette la semaine dernière quand un collectif a relayé la plainte du parent d’une élève de la polyvalente Hyacinthe-Delorme en dénonçant le racisme systémique, rien de moins, présent dans cette école secondaire.

L’histoire parsemée de zones grises n’a pas fait long feu. Il faut dire que la défense du CSSSH était beaucoup plus facile cette fois.

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