De plus, c’est important de suivre les conseils donnés par les services spécialisés pour éviter les accidents. On imagine que les personnes crient, agitent les bras et appellent au secours quand elles sont en train de se noyer. Cela peut arriver aussi, mais la réaction typique de quelqu’un qui ne sait vraiment pas nager est très discrète aux yeux des autres. Pour ceux qui ne sont pas entraînés pour identifier une telle situation, les signes peuvent passer inaperçus.

Quand ça m’est arrivé, j’ai eu « la réponse instinctive à la noyade, une réaction silencieuse et limitée à des mouvements subtils », selon les propos du Dr Francesco A. Pia. Je n’avais pas appris encore à gérer mes gestes dans l’environnement aquatique. Ça doit sembler bizarre pour quelqu’un qui est habitué aux mouvements de l’eau, mais je peux dire que je n’étais vraiment pas dans mon « élément ».

Je n’ai pas crié et pas agité mon corps. Ma priorité était de respirer; le peu de temps que je réussissais à sortir la tête de l’eau n’était même pas suffisant pour compléter un cycle de respiration, moins encore pour parler à qui que ce soit. J’essayais de garder ma tête au-dessus du niveau de l’eau, mais je ne réussissais pas. Elle était submergée encore et encore. Je ne sais pas combien de temps cela a duré.

Quelqu’un s’est aperçu que j’étais en train de me noyer et a commencé à me donner des instructions pour que je m’en sorte. J’essayais, mais je n’étais pas capable. Le fait d’entendre sa voix m’a transmis un calme tellement intense, car j’étais certaine qu’il me sauverait. S’il n’avait pas décidé de me sortir de l’eau, je crois que je serais décédée en toute tranquillité. Je me suis convaincue qu’il viendrait me sauver. Je me suis attachée à cette pensée et cela me calmait. J’ai été chanceuse qu’il l’ait vraiment fait. Ceci, probablement, n’a pas duré plus que quelques secondes, mais c’était comme une éternité.

Quand j’ai été placée en toute sécurité, il m’était difficile de respirer. Je ne pouvais qu’expirer une sorte de toux explosive à plusieurs reprises, sans intervalle pour l’inspiration, et seulement de l’eau sortait de ma bouche et de mon nez, sous forme de multiples petits jaillissements. Cela m’a causé beaucoup de détresse. Quel soulagement quand j’ai réussi, finalement, à inspirer un peu d’air!

Si on voit quelqu’un dans l’eau et que cette personne semble ne pas bouger beaucoup, avec sa tête qui sort de l’eau pour ensuite être submergée, et que cela fait plusieurs fois, même s’il n’y a pas des signes de détresse, il faut tout de suite vérifier si la personne va bien. Si elle ne répond rien, c’est parce que ça va mal : la noyade est silencieuse. Alors, s’il vous plaît, il faut agir vite pour la sauver. Et aussi très important : ne jamais laisser un enfant sans surveillance!

Maria do Carmo Vieira-Montfils, Saint-Hyacinthe