3 août 2023 - 07:00
Sauvetage artistique au cœur de la démolition du palais de justice
Par: Maxime Prévost Durand
Les grillages qui recouvraient les fenêtres du deuxième étage en façade du palais de justice ont pu être récupérés avant la démolition des installations. Il pourrait s’agir d’œuvres d’art optique. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Les grillages qui recouvraient les fenêtres du deuxième étage en façade du palais de justice ont pu être récupérés avant la démolition des installations. Il pourrait s’agir d’œuvres d’art optique. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Une pièce architecturale, qui s’apparenterait à une œuvre d’art optique, a été sauvée in extremis de la démolition du palais de justice de Saint-Hyacinthe au cours des dernières semaines.

La vigilance d’un citoyen, sensible à ce type d’art, a permis de signaler la présence des deux éléments – qui ressemblent à des grillages – perchés au second étage de la façade du bâtiment datant des années 1960. Selon ses connaissances, il pourrait s’agir d’une œuvre d’art optique. Ces pièces n’étaient toutefois pas répertoriées sur la Liste des œuvres d’art public du ministère de la Culture et des Communications, si bien qu’elles n’avaient pas été décrochées au même titre que les trois autres œuvres du palais de justice qui figuraient sur ce registre.

Mise au parfum de cette situation par LE COURRIER, la députée de Saint- Hyacinthe, Chantal Soucy, a réagi rapidement afin de s’assurer que ces pièces soient retirées avant d’être réduites en poussière. Sans attendre de confirmation à savoir s’il s’agit bel et bien d’une œuvre d’art, la politicienne a interpellé son collègue Simon Jolin-Barrette, ministre de la Justice, afin qu’une intervention soit orchestrée sur-le-champ. La Société québécoise des infrastructures (SQI) a alors été contactée et les grillages ont pu être décrochés quelques heures avant que la démolition de cette partie du palais de justice ne s’entame.

« Je n’ai pas voulu prendre de chance, a souligné la députée en entrevue avec LE COURRIER. Il valait mieux agir avant qu’il ne soit trop tard. »

Difficile par contre d’avoir la certitude que ces deux éléments sont effectivement des œuvres d’art optique. Les intervenants contactés par LE COURRIER n’ont pas pu confirmer bec et ongle qu’il s’agit d’une œuvre d’art, mais ils ont tout de même reconnu la sensibilité artistique qui se dégageait de ces pièces intégrées à l’architecture du palais de justice.

« Est-ce une œuvre d’art? On peut se poser la question », a commencé par répondre le directeur général d’Expression, Marcel Blouin.

« Normalement, c’est signé. Pour le moment, on n’a rien trouvé qui démontre que c’est une œuvre d’art. Ça peut être un élément décoratif qui avait été installé et qui avait aussi la fonction de protéger [les fenêtres], mais ça ne veut pas dire que ce n’est pas une œuvre. C’est un bel objet et il serait souhaitable qu’il soit conservé. Je ne dis pas que ce n’est pas une œuvre d’art, mais je n’ai pas la preuve que ça en est une. Ce serait bête qu’on le démolisse et qu’on découvre six mois plus tard que c’était une œuvre », a-t-il indiqué alors que les grillages étaient toujours accrochés à l’immeuble.

L’architecte principal qui a conçu le palais de justice de Saint-Hyacinthe, le Maskoutain Maurice Desnoyers, avait « une grande sensibilité aux arts », a soutenu pour sa part la firme DMA Architectes. M. Desnoyers, qui est décédé à la fin 2022, avait cofondé cette firme sous le nom Desnoyers Mercure et Associés à l’époque.

« Nous pensons que les motifs aux fenêtres peuvent être des éléments décoratifs considérés comme une œuvre d’art, a affirmé Carine Lobo, directrice des communications de DMA Architectes. Par contre, nous n’avons pas de données sur qui pourrait en être l’auteur. Celui-ci pourrait confirmer que ce n’est pas seulement un élément décoratif remplissant certaines fonctions, mais bel et bien une pièce d’art volontairement créée pour le projet. Dans nos archives, il ne figure aucune mention sur cette question dans les documents relatifs au palais de justice de Saint-Hyacinthe. »

Pour l’heure, les deux pièces sont entreposées par la SQI en attendant de savoir quoi en faire. Chantal Soucy a partagé son désir de redonner les œuvres à la population afin qu’elles demeurent du domaine public, mais rien n’a encore été décidé.

De son côté, Expression s’est proposé pour accueillir ces grillages « en attendant qu’on sache si ce sont bien des œuvres d’art ». Le caractère lié au palais de justice et à l’architecture maskoutaine s’intégrerait d’ailleurs bien au futur musée d’art et de société qui doit voir le jour à moyen terme au sein du pôle culturel.

DMA Architectes a aussi évoqué son intérêt à récupérer ces vestiges du palais de justice. La firme a aussi suggéré que ces éléments puissent être « réintégrés dans le futur projet [de palais de justice], soit tel quel, soit pour concevoir une autre œuvre d’art ». La députée a toutefois confirmé que cette dernière option n’était pas envisageable puisque les plans du nouveau palais de justice sont déjà faits et qu’une intégration ne serait pas possible.

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