Avant de procéder à l’échange de terrains avec le Groupe Robin dans le cadre de l’aménagement d’un deuxième accès vers le Cégep de Saint-Hyacinthe, la Ville de Saint-Hyacinthe avait commandé une étude de caractérisation environnementale au Groupe Conseil UDA. LE COURRIER en a obtenu une copie en vertu de la Loi sur l’accès aux documents d’organismes publics.
Pour déterminer la présence de milieux humides, la firme a basé sa méthodologie sur une série d’indicateurs, soit la végétation, la composition des sols et l’hydrologie. Elle a évalué le potentiel environnemental de 6,2 hectares situés entre la rue Guy-Daudelin et l’avenue Carillon, ainsi qu’entre l’avenue Castelneau et le cégep. De ce nombre, le Groupe Robin possède 4,63 hectares. L’entreprise souhaite y construire des habitations visant une clientèle étudiante compte tenu de la proximité du Cégep de Saint-Hyacinthe.
Selon la Cartographie des milieux humides potentiels du Québec du ministère de l’Environnement, il pourrait y avoir un marécage arborescent sur environ 6 hectares. Le ministère de l’Environnement s’est basé sur différents documents, rédigés notamment par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts, remontant à plusieurs années sans toutefois ne jamais avoir effectué de visite sur le terrain pour caractériser plus spécifiquement ce boisé.
En 2008, la Ville avait aussi voulu connaître le potentiel de ce terrain en commandant un premier rapport de caractérisation environnementale à Enviro-Guide A.L. Cette étude concluait qu’il y avait présence de petits milieux humides sur près de 520 mètres carrés. Depuis, cette zone a été remblayée.
C’est du moins ce que conclut la nouvelle étude de caractérisation réalisée à l’automne 2021 juste avant la transaction avec le Groupe Robin. Toutes les zones étudiées dans ce secteur ont été affectées par la présence humaine. On n’y trouve aucun milieu humide, conclut le document. La firme n’a pas détecté d’espèce à statut précaire ni d’espèce floristique à statut précaire. On y a cependant trouvé des espèces exotiques envahissantes, comme l’érable de Norvège, l’érable à Giguère, le panais sauvage, le roseau commun et la salicaire commune.
Le Groupe Robin n’a donc pas à se soumettre à la Loi concernant la conservation des milieux humides et hydriques.
Protéger le boisé
Il n’est plus nécessaire de vanter les nombreux avantages liés à la présence d’arbres. Ils sont connus et font peu de place à la controverse. Le CCCPEM voit donc dans ce projet l’opportunité de développer un quartier différemment en mettant les arbres au centre de la vision au lieu de la voiture afin de protéger l’un des derniers boisés de Saint-Hyacinthe.
Depuis près d’un an, le Comité s’est intéressé à ce boisé. Aujourd’hui, plusieurs de ses membres ont choisi de sortir publiquement afin d’influencer le débat entourant le développement de ce projet. « Si on attend que les plans soient faits pour faire de la sensibilisation, il sera trop tard », affirme Suzanne Viens.
« On doit innover avec les nouveaux quartiers. On la connaît la recette qui place la voiture au centre de tout, mais est-ce qu’on peut innover? On doit avoir une vision plus globale », poursuit Marie-Claude Pearson, résidente de Saint- Hyacinthe et enseignante au Cégep de Saint-Hyacinthe.
Les membres du comité ne s’opposent pas au développement dans ce secteur. Saint-Hyacinthe a des efforts à faire, ajoute Pierre Renard, aussi membre du CCCPEM. « Actuellement, la Ville n’a pas de stratégie. On passe le bulldozer dans les boisés. […] C’est le rôle des élus d’être des leaders. Les nouvelles administrations doivent sortir du moule sans refiler la facture aux citoyens. Il n’y a plus beaucoup de boisés à Saint-Hyacinthe. C’est une opportunité à saisir afin de réconcilier les projets de développement avec la nature », souligne M. Renard.
Le Comité a effectué plusieurs démarches au cours de la dernière année afin de sensibiliser le promoteur et les élus. Le conseiller du quartier Hertel–Notre-Dame, André Arpin, dit être sensible à la cause.
« J’ai des préoccupations pour sauver, dans la mesure du possible, la grande partie du boisé. Mon souhait, c’est de pouvoir convaincre le Groupe Robin d’en épargner une grande partie. C’est un discours politique qu’on peut avoir avec le promoteur. On peut essayer de le sensibiliser et de l’amener à densifier davantage. Le long du deuxième accès vers le cégep, il y a des endroits où le développement peut se faire facilement [sans toucher aux arbres] », mentionne-t-il.
Aussi membre du comité consultatif d’urbanisme, M. Arpin assure qu’aucun projet n’a été présenté par le Groupe Robin à ce jour. « Je vais suivre ça de plus près », assure-t-il.
La présidente du Groupe Robin, Nellie Robin, assure que l’entreprise portera une attention particulière pour conserver le plus d’arbres possible. On pourrait y trouver des bâtiments à basse densité et à moyenne densité. L’entreprise attend après une étude de marché avant d’élaborer davantage le projet.
« C’est déjà boisé et on veut le mettre à profit. Ce projet chemine dans le cours normal des choses. L’idée a changé on ne sait plus combien de fois. On a encore des devoirs à faire. Il faut réfléchir à notre vision du secteur Douville. Cela peut prendre encore plusieurs mois pour y réfléchir. Pour moi, c’est important de développer quelque chose en lien avec les besoins de la région », ajoute-t-elle.