Une majorité de conseillers et de conseillères tient donc à ce que les débats qui s’y déroulent restent privés, même si le maire André Beauregard, qui n’a pas participé au vote, se disait favorable à permettre la présence citoyenne aux assemblées préparatoires du conseil municipal.
Il entend tout de même se rallier à la position majoritaire de ses collègues. « Depuis 2009, j’ai toujours été pour et je ne compte pas changer d’avis pour le moment. »
Au cours des dernières semaines, LE COURRIER avait tâté le pouls des élus sur la question des plénières ouvertes au public. Ce tour de table avait permis de confirmer que cette idée n’était pas très populaire, même si tous convenaient qu’il serait impossible de tenir des séances 100 % accessibles au public dans la mesure où plusieurs dossiers ou débats impliquent la confidentialité, dont tout ce qui concerne les dossiers d’employés ou d’embauches.
Dans le camp des partisans à une plus grande transparence du conseil, on trouvait bien entendu le doyen du conseil en matière d’années d’expérience en politique municipale, le conseiller du quartier La Providence, Bernard Barré. Depuis son arrivée en poste à la fin de 1988, il dit avoir régulièrement demandé que les séances plénières soient ouvertes au public et aux médias. « Chaque décennie, je tente d’amener cette question, mais malheureusement, je n’ai pas eu beaucoup d’appuis autour de moi. Il n’y a rien que j’ai dit en plénière que j’aurais honte d’avoir dit en public. »
M. Barré estime aussi qu’ouvrir les séances plénières au public serait une bonne manière d’intéresser les gens à la politique municipale, une occasion de voir les coulisses et les échanges derrière les prises de décisions.
La conseillère du quartier Saint-Joseph, Mélanie Bédard, semblait d’accord avec lui. « Je suis plus pour que contre. Je ne vois aucun inconvénient à rendre publiques nos plénières. Il y a des raisons pour lesquelles les citoyens veulent que ce soit public. »
Lors de la séance du conseil municipal du 15 mai, David-Olivier Huard, conseiller du district Douville, s’était lui aussi dit ouvert aux séances plénières publiques en donnant l’exemple de Sherbrooke et de Trois-Rivières. « Je sais qu’on ne peut pas traiter tous les points publiquement, mais je pense qu’on pourrait faire un petit pas dans cette direction. Pour les citoyens, c’est important de leur montrer comment chacun travaille, comment on fait avancer la communauté par nos décisions. »
Dans le camp des indécis, on retrouvait les conseillers Annie Pelletier, Guylain Coulombe, Pierre Thériault et Jeannot Caron, eux qui souhaitaient obtenir davantage d’informations sur le sujet et la mécanique de fonctionnement de plénières ouvertes au public avant de se prononcer.
Des réticences
La possibilité d’ouvrir les séances plénières au public ne permettra pas d’atteindre un objectif valable, pense Claire Gagné, conseillère du district Bois-Joli. Elle considère que cette ouverture n’est pas une façon d’augmenter la transparence. « Les citoyens réclament plus de transparence, mais je ne pense pas que ce soit une manière d’augmenter ou d’améliorer la transparence. À mon avis, on est déjà transparents. »
La piste de solution que suggère Mme Gagné, c’est de répondre aux besoins des citoyens qu’elle dit comprendre très bien. « La transparence, c’est d’améliorer davantage la qualité de nos séances publiques et de nos séances de consultation publique. »
David Bousquet, conseiller du district Sacré-Cœur, ne voit pas l’utilité de rendre les plénières publiques. Il se dit contre pour des questions d’efficacité de travail. « À mon avis, le traitement des dossiers par le conseil serait énormément ralenti. Il y a quand même plusieurs dossiers traités en séance plénière qui devraient être abordés à huis clos. » D’après lui, il y a non seulement beaucoup d’informations sensibles, mais aussi personnelles qui sont abordées durant la séance plénière et c’est pour ça qu’il y a des séances plénières.
M. Bousquet croit aussi que le fait d’ouvrir les plénières au public n’apportera pas davantage de transparence. « On est tous des élus indépendants à Saint-Hyacinthe. S’il y a une information avec laquelle on est en désaccord, s’il y a des questions pour lesquelles on estime qu’on devrait être publics, on va le dire publiquement. »
Sensiblement le même son de cloche du côté de Donald Côté, conseiller du district Sainte-Rosalie. « Je ne suis pas d’accord, mais je ne suis pas contre l’idée de manière virulente », résume M. Côté.
Il craint que l’ouverture des séances plénières entraîne une perte de spontanéité de la part des conseillers et des conseillères. « C’est sûr que lorsqu’on est devant la caméra, on fait beaucoup plus attention, on limite nos commentaires, on pense toujours à l’aspect des propos qu’on va dire. Un autre point par rapport au conseil : on n’a pas ce qu’on appelle le comité exécutif, à savoir des éléments qui ne pourraient être discutés qu’à huis clos avec un certain nombre de personnes prédéterminées. »
« Je suis assez partagé sur la question. On est élus pour gouverner, les citoyens nous font confiance pour prendre des décisions », a pour sa part déclaré André Arpin, conseiller du district Hertel–Notre-Dame.
Avec la collaboration de Sarah-Ève Charland