Quant aux transitions, deux approches ont cours dans les pays occidentaux par rapport aux questionnements sur le genre en ce moment : l’approche affirmative et l’approche prudente. Cette dernière est privilégiée par les ministères de la Santé en Suède, en Finlande, en Norvège et, plus récemment au Royaume-Uni. Au Canada, l’approche affirmative domine et le débat est court-circuité. Par ailleurs, nos chiffres sont différents de ceux de Fecteau, Paré et Cusson, on estimerait à plus de 20 % le nombre de détransitionneurs aux États-Unis.
Quant au cours de sexualité qui était l’objet premier du débat, rappelons que, dans les années 90, le cours consistait à apprendre les parties de l’appareil génital des deux sexes et à aborder la question de la contraception et des ITS. Désormais, une grande place est accordée aux enjeux sociaux au point où l’anatomie est maintenant saupoudrée dans le cursus. Au préscolaire et en 2e année, les enfants apprennent comment naissent les bébés, la question des menstruations est abordée en 5e et celle des ITS en 2e année du secondaire. L’âge moyen des premières règles est de 13 ans, un rafraîchissement sur les menstruations serait utile en 1re année du secondaire. Pourtant, il n’en est rien, car les élèves doivent plutôt reconnaître le rôle de la puberté dans leur identité de genre, cours où on ne mentionne jamais les effets secondaires des transitions médicales ou les aspects négatifs des transitions sociales. Ainsi, les jeunes acquièrent le lexique sur les identités de genre (cisgenre, fluide de genre, transgenre) ou les orientations sexuelles moins connues (asexuel, pansexuel, panromantique). Cependant, les adolescentes peinent à calculer leur cycle menstruel ou à le comprendre, la théorie remontant à la 5e année.
La personne gingenre
Une autre preuve du mépris de la biologie est l’apparition de la personne gingenre dans le matériel pédagogique de ce cours. En 2011, Sam Killermann a créé la personne gingenre. Killermann n’est ni biologiste ni pédagogue, il s’agit d’un artiste et activiste new-yorkais. Cet outil, introduit par les sexologues dans les Centres de services scolaire ou par les politiques EDI, représente trois icônes, c’est-à-dire trois sexes : mâle, femelle et intersexe. Or, trois scientifiques ont publié un article dans le Wiley Periodicals LLC rappelant que le sexe est binaire et que ceux qui prétendent le contraire ne tiennent pas un discours scientifique, mais militant. Aussi, ils affirment que la notion d’intersexualité est instrumentalisée. Effectivement, l’humain est un mammifère : les mâles produisent des spermatozoïdes et les femelles des ovules, il est binaire peu importe l’apparence externe de l’appareil génital. La personne gingenre contredit d’ailleurs le cours de science de la 1re année du secondaire.
Cisgenre : une notion qui renforce les stéréotypes et le conformisme
Force est de constater que le terme cisgenre renforce les stéréotypes plutôt que de les combattre. Voici un exemple de définition : « C’est quelqu’un dont le sexe correspond au genre, comment moi je me perçois dans ma tête, par exemple, comme une femme. Je m’exprime, je m’habille comme une femme donc je suis cisgenre. » Donc une femme porterait des vêtements de femmes non pas à cause de sa physionomie propre, comme avoir des seins ou des hanches, mais parce qu’elle est conforme à son genre. L’enseignement du terme cisgenre est discutable dans le milieu scolaire après des années de luttes féministes. Voilà pourquoi nous ne souhaitons pas que les enseignants exhortent les jeunes à s’identifier comme cisgenres et à adhérer à une théorie philosophique dont ils ne comprennent pas les tenants et les aboutissants.
Bref, nous avons à cœur la liberté de conscience et d’expression, nous estimons que la théorie de l’identité de genre nie la réalité biologique et met à mal plusieurs droits des femmes (espaces sécuritaires, sports, mesures paritaires, etc.).
Véronique Fournier et Steve Leblanc, parents de Saint-Hyacinthe
François Dugré, Mont-Saint-Hilaire