17 août 2023 - 07:00
Séances plénières à la Ville de Saint-Hyacinthe
Public non grata
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Cela ne s’invente pas, c’est en questionnant le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, que nous avons appris que le conseil avait enterré bien creux l’idée d’ouvrir les séances plénières au public et bien entendu aux médias. La décision a été prise il y a quelques semaines en séance plénière, donc à huis clos!

Rien n’a transpiré en séance publique. On l’a donc découvert par la bande, au détour d’une série de questions. Bien souvent, les seuls échos qui nous proviennent des plénières émanent du maire lui-même en début de séance publique. On l’a vu le mois dernier quand il a profité de son mot d’ouverture pour annoncer le report du chantier de la place des spectacles en 2024, une décision prise en plénière. Est-ce une décision unanime du conseil? L’histoire ne le dit pas et vous ne verrez et ne lirez jamais un procès-verbal des séances plénières.

La très grande majorité du conseil est donc réfractaire à l’idée d’admettre quiconque à ces réunions de travail des élus, qui se déroulent habituellement la semaine qui précède l’assemblée publique. C’est là que toutes les décisions se prennent et qu’on organise, mâche et remâche tout ce qui permettra le bon déroulement de la séance régulière.

Le maire se disait pourtant favorable à l’idée d’un peu plus de transparence, du moins à tenter l’expérience des plénières accessibles à qui le voudrait bien. Il n’a donc pas été capable de convaincre ses collègues. Par manque d’autorité ou de conviction, allez donc savoir. Je dirais peut-être un peu des deux. Parmi ses rares alliés, seul l’expérimenté conseiller du quartier La Providence, Bernard Barré, est depuis toujours vendu à cette idée. Tous les autres soufflent pas mal le chaud et le froid quand on les interroge sur leur position respective à l’égard des séances plénières ouvertes au public. C’est l’exercice qu’il nous aura fallu faire sur une base individuelle puisqu’il n’y a pas eu de débat public sur cette question avant d’en disposer. Vous avez déjà pu prendre connaissance des positions respectives des élus lors d’une édition précédente. Je ne vais pas reprendre tous les arguments des opposants, mais plutôt les résumer grossièrement. Ceux qui sont contre estiment que la participation du public ne ferait qu’alourdir de beaucoup la mécanique. Ce qui risquerait au final d’accroître la frustration puisque le recours au huis clos pour discuter d’informations sensibles ou personnelles concernant des investissements, des décisions ou des dossiers personnels d’employés deviendrait la norme. Certains craignent aussi que la présence du public soit intimidante pour les élus moins expérimentés.

Car si certains conseillers se font plutôt discrets en séance publique devant les caméras de la télévision communautaire, la situation serait bien différente en plénière où ils argumentent à qui mieux mieux et n’hésitent pas à mettre le poing sur la table lorsque nécessaire. C’est du moins ce que l’on tente de nous faire croire. Ce spectacle se déroulant derrière des portes closes, il est impossible de le vérifier. À défaut de modifier la formule des plénières, je ne déteste pas du tout l’idée avancée par la conseillère du quartier Bois-Joli, Claire Gagné. « La transparence, c’est d’améliorer davantage la qualité de nos séances publiques et de nos séances de consultation publique. » C’est un fait incontestable, les séances publiques sont trop souvent indigestes et incompréhensibles pour le commun des mortels.

Parfois, il suffirait d’ajouter un peu de mise en contexte ou de mettre en lumière ce qui se cache derrière une résolution ou un changement de règlement. Saluons tout de même l’ajout récent d’une seconde période de questions du public en fin de séance.

Est-ce pour autant la fin de l’éternel débat sur les séances plénières ouvertes au public à la Ville de Saint-Hyacinthe? Permettez-moi d’en douter. J’ai comme l’impression que le sujet s’invitera à nouveau dans deux ans lors de la prochaine campagne électorale.

La transparence municipale, et surtout son absence, est toujours un thème fort populaire et sur lequel les aspirants politiciens aiment frapper. Lors de la campagne de l’automne 2021, la plateforme électorale du parti Saint-Hyacinthe unie prévoyait de limiter les échanges à huis clos lors des séances plénières préparatoires du conseil municipal. Ce parti n’a fait élire aucun candidat.

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