D’ailleurs, le terme « théorie du genre » pour désigner tout ce qui sort du contexte de la sexualité binaire et biologique est une invention de l’Église catholique. J’en veux pour preuve un article publié dans Le Monde du 11 juin 2019 où on rapporte qu’un texte du Vatican destiné à « lutter contre la théorie du genre » s’adresse aux enseignants des écoles catholiques.
Or, il existe bien des études sur le genre, mais l’expression « théorie » est inappropriée et péjorative. Dans la culture populaire, on s’efforce donc de minimiser les aspects définissant le genre pour insister sur le sexe biologique comme s’il était le seul élément définissant l’être humain.
Pour appuyer leur position, les trois auteurs de la lettre du 10 août mentionnent une étude selon laquelle « le sexe est binaire et ceux qui prétendent le contraire ne tiennent pas un discours scientifique, mais militant ». Le biais catholique de certains intervenants dans ce débat est assez évident, même si le Vatican n’a aucune leçon à nous donner en matière de sexualité. Les auteurs de cette lettre insistent sur l’importance du sexe biologique binaire en oubliant que le cerveau est aussi un organe important.
Dans le manuel diagnostique de l’Association américaine de psychiatrie (DSM V), la dysphorie du genre occupe une classe à part, car elle n’est pas considérée comme un trouble mental comme le serait la schizophrénie, par exemple. En plus, on oublie que certaines personnes naissent avec un sexe ambigu et des organes non conformes à l’un ou l’autre des deux sexes biologiques.
Pour toutes ces raisons, je refuse de croire que le sexe biologique est le seul facteur à considérer dans ce débat et je crois que toute insistance à cet effet relève du dogme religieux.
Jean-François Bérubé, Saint-Hyacinthe