Le fait qu’un grand nombre de personnes croit en une affirmation ne la rend pas plus vraie. Votre manque de connaissance du processus scientifique et du système de révision par les pairs démontre votre ignorance et votre tendance naturelle vers le biais de confirmation. La science n’est ni démocratique ni un buffet dans lequel on ne prend que ce qui nous intéresse. Pour gagner en crédibilité, une étude doit être publiée dans un journal scientifique, ce qui implique que les mêmes résultats et observations doivent être obtenus dans une répétition par des pairs de la même expérience.
L’évidence présentée pour soutenir votre affirmation est mince et trop simpliste. Depuis quand se réfère-t-on à des ornithologues pour parler de sexualité humaine? N’y a-t-il pas ici un léger problème de champ de compétence? Ne prenez pas les lecteurs pour des pigeons. La sexualité humaine est beaucoup plus complexe que celle des corneilles et des perroquets. Les études sur le genre touchent plusieurs disciplines universitaires, dont la psychologie, la sociologie, l’anthropologie et même l’archéologie.
Le problème n’est pas qu’il n’y ait pas place au débat. Le problème est que, pour qu’il y ait place au débat, toute affirmation nécessite son lot de recherche, de documentation, de vérification et d’évidence empirique. Comme le dit la phrase en anglais : « Extraordinary claims require extraordinary evidence. »
Les craintes que vous exprimez face à certaines situations ne sont pas supportées par la science. Votre point de vue ne relève d’aucune situation de vécu réel, mais purement et simplement de craintes irrationnelles (d’où l’expression transphobie).
Jusqu’à maintenant, je ne suis pas convaincu par « l’évidence » que vous nous présentez. Un polémiste du Journal de Montréal et trois chercheurs de l’Institut Max-Plank pour l’Ornithologie, ça ne fait pas très sérieux si vous souhaitez débattre avec des chercheurs de toutes les disciplines universitaires impliquées dans les études sur le genre.
J’ai l’impression, depuis peu, de vivre dans un film du regretté Pierre Falardeau ou Julien Poulain n’a de cesse de se pâmer devant tout ce qui vient des États-Unis. Si les Américains ne veulent pas de drag queens, les disciples d’Éric Duhaime questionnent leur présence dans les bibliothèques québécoises. Si les Américains veulent bannir des livres destinés aux élèves qu’ils jugent « obscènes », nos « Bob Gratton » nationaux les remettent ici aussi en question. Bref. Il y a des gens qui rêvent que le Québec devienne le 51e État américain.
Heureusement, leur formation politique n’a réussi à obtenir aucun siège depuis sa formation, sinon on se mettrait tous à croire que l’univers est vieux de 6000 ans, que la Terre est plate et qu’Elvis est encore vivant.
Jean-François Bérubé, Saint-Hyacinthe