Au Grand sommet sur l’itinérance organisé par l’Union des municipalités du Québec (UMQ), le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, a annoncé une aide de 4,5 M$ en matière d’itinérance et 15,5 M$ supplémentaires dédiés à l’offre d’hébergement d’urgence.
« Je vis une grande déception par rapport à l’annonce faite par le gouvernement. Je m’attendais à ce que le ministre annonce de l’argent supplémentaire pour de l’intervention, pour aider nos organismes à être sur le terrain. On a une belle structure d’organismes communautaires dans la région, mais ils étaient déjà à bout de souffle il y a trois ans avant la pandémie », affirme le conseiller municipal Jeannot Caron.
« C’est mettre un plaster sur un cancer, dénonce la directrice de la Maison Le Baluchon, Suzanne Demers. On est en service depuis 2002 et on n’a toujours pas de financement à la mission. On doit obtenir du financement au projet, mais ça signifie surtout des redditions de compte. Le 15,5 M$, c’est nettement insuffisant. Ça ne vient pas aider les personnes à se sortir de cette situation-là. »
Ayant lui-même déjà vécu en situation d’itinérance il y a une quinzaine d’années, M. Caron s’indigne du peu de considération que le gouvernement a pour cette partie de la population. « Au lieu de se promener pour annoncer des investissements partout, le gouvernement devrait s’occuper de notre monde le plus défavorisé. On est en train de laisser un groupe d’individus à eux-mêmes, sans aide. On le voit tous. Il y a une recrudescence des gens en situation d’itinérance », poursuit-il.
De multiples facteurs ont contribué à accentuer le problème dans la région, mais M. Caron et Mme Demers s’entendent pour dire que la crise du logement a joué un rôle majeur. « Je connais un monsieur qui dort tous les jours dans un refuge et qui doit repasser sa chemise le matin pour aller travailler. Avec sa pension alimentaire et le coût des loyers, il n’y arrive plus. En 2023, c’est ça le portrait. Ce n’est plus juste une question de santé mentale et de consommation », mentionne Mme Demers.
En 2022, la Maison Le Baluchon a d’ailleurs accueilli 24 jeunes, âgés de 16 à 23 ans, en situation d’itinérance ou à risque de le devenir dans ses trois immeubles à logements temporaires.
Interpeller le gouvernement
La Ville a décidé d’interpeller la députée de Saint-Hyacinthe, Chantal Soucy, et le gouvernement au nom des organismes communautaires. « La Ville de Saint- Hyacinthe en a déjà fait amplement. La Ville a fait ce qu’elle devait faire. Ça prend des porteurs de ballon. Je pense que la Ville est un bon porteur de ballon pour faire entendre la voix des organismes communautaires auprès des gouvernements supérieurs », souligne M. Caron.
La Ville a contribué à l’ouverture du Centre de jour au bâtiment Le Concorde en 2021 et à la rénovation de l’immeuble à logements situé au 1621, rue Girouard Ouest en 2023 où des unités d’habitation sont dédiées à l’itinérance. D’autres logements seront bientôt offerts à cette clientèle au bâtiment situé au 1400, rue Saint-Antoine.
La députée Saint-Hyacinthe, Chantal Soucy, se montre d’ailleurs surprise des propos tenus par les élus de la Ville de Saint-Hyacinthe. Elle affirme ne pas avoir été approchée personnellement pour trouver des solutions à ce problème.
« Ce qui est important, c’est d’identifier clairement le besoin. Qui a besoin d’argent? Pour quoi? Mon bureau est toujours ouvert. Les gens peuvent venir me voir pour discuter d’un problème, apporter des solutions et me dire comment je peux les aider financièrement. Je suis sensible à la situation », assure-t-elle.
Les intervenants de la région doivent apprécier l’aide gouvernementale dans son ensemble, dit-elle, en prenant en considération notamment les financements pour l’habitation. « Il faut regarder toutes les autres sommes investies. Depuis que la Coalition avenir Québec est au pouvoir, les sommes remises aux organismes communautaires ont considérablement augmenté. Là, l’hiver s’en vient. Il est urgent d’agir. C’est pour sauver des vies qu’on injecte 15,5 M$ dans les hébergements d’urgence », conclut Chantal Soucy.