L’accusé de 24 ans avait le matin même plaidé coupable aux chefs accusations de conduite avec les facultés affaiblies ayant causé la mort ainsi que des blessures corporelles. Le 11 mars, il conduisait en sens inverse sur l’autoroute 20 à la hauteur de Sainte-Hélène-de-Bagot avec un taux d’alcoolémie trois fois plus élevé que la limite permise quand il a percuté le véhicule où prenait place Mathis, le tuant sur le coup.
La sentence était une suggestion commune des avocats de la Couronne et de la défense, Jimmy Brassard et André Bourgon, compte tenu des antécédents de conduite avec facultés affaiblies de Veillette.
Étant donné que Mathieu Veillette est demeuré détenu à la suite de son arrestation, les six mois et 15 jours passés derrière les barreaux comptent en temps et demi. Il lui reste donc un total de 62 mois et 15 jours à purger. Le juge Marc-André Gauthier a accepté que l’accusé soit transféré dans un établissement carcéral de l’Ontario pour qu’il soit près de sa famille. De plus, à compter de la date du jugement, il ne pourra plus conduire de véhicule pour une période de 12 ans.
Autant la mère de Mathis, Catherine Corriveau, que son père, Sébastien Filion, ont rappelé qu’aucune sentence ne pourra ramener leur fils. Cette réalité avait déjà été soulignée en cour par l’avocat de la défense et le juge. Le père de Mathis aurait néanmoins souhaité que les 12 ans sans pouvoir conduire soient reportés à la fin de sa peine. Il aurait aussi aimé que le juge fasse plus de recommandations, comme obliger Mathieu Veillette à offrir des conférences dans les écoles.
Le juge a néanmoins mentionné qu’il s’agissait d’une sentence à vie, car l’accusé restera marqué par ce décès. La mère de Mathis espère vraiment que ce drame servira d’exemple. Les deux parents se sont aussi dits soulagés et libérés par la fin des procédures.
Des témoignages émouvants
Entre le plaidoyer de culpabilité et le jugement, quatre personnes sont venues lire des lettres pour parler de Mathis et de l’impact de son décès.
Sa copine a été la première à exprimer à quel point la perte de Mathis a été douloureuse. « Il [Mathieu Veillette] nous a ôté la chance d’avoir d’autres beaux moments ensemble. Il a forcé notre séparation de la façon la plus brutale qui soit. Quand j’ai appris la nouvelle, c’était comme si j’apprenais ma propre mort », a-t-elle déclaré.
Elle a aussi mentionné que toutes les personnes présentes dans la voiture au moment du drame, dont elle, étaient conscientisées à l’importance de ne pas conduire sous l’effet de l’alcool. Le juge lui a d’ailleurs fait répéter cette phrase après qu’elle a fini de lire sa lettre. Il s’en est aussi servi dans son allocution avant d’annoncer la sentence pour démontrer le paradoxe.
« On m’a arraché mon frère sans que je puisse lui dire au revoir », a raconté sa sœur. Le père de Mathis a quant à lui dit se sentir rongé par la culpabilité et la colère.
Pour sa part, la mère de Mathis a d’abord fixé l’accusé dans les yeux en début d’audience avant de fondre en larmes un peu plus tard. Elle a aussi dû se boucher les oreilles lorsque le procureur de la Couronne a raconté dans quel état Mathis a été trouvé. Néanmoins, au moment de lire sa lettre, composée en anglais, question de bien se faire comprendre par l’accusé, elle est restée forte. « Tout le monde l’aimait. Il était un rayon de soleil », a-t-elle affirmé. Elle a ensuite raconté que le petit frère de Mathis, Nico, n’est plus le même depuis le drame et qu’elle n’arrive plus à dormir, car elle revit chaque nuit la scène. Elle a également présenté un diaporama de photos de Mathis et les a commentées avec émotions.
Mathieu Veillette a fondu en larmes en entendant ces témoignages. Après une allocution de son avocat sur la gravité de son geste, il a lu une lettre d’excuses à la famille et aux proches en anglais. Il a dit qu’il aurait préféré donner sa vie, qu’il avait exercé un très mauvais jugement ce soir-là et qu’il espérait que les personnes touchées retrouveraient la paix au fil du temps.