Âgé de 40 ans, St-Jacques est l’époux d’Henriette Dessaulles, la fille de Georges-Casimir Dessaulles, qui fut échevin, puis maire de la Ville de Saint- Hyacinthe, de 1868 à 1880 et de 1886 à 1897. Le 4 mai 1897, cinq jours avant le scrutin, St-Jacques meurt d’une pneumonie. Son beau-père décide, au pied levé, de le remplacer. Il remporte les élections, au grand dam des conservateurs.
Georges-Casimir Dessaulles est né à Saint-Hyacinthe le 29 septembre 1827. Il est le fils du seigneur Jean Dessaulles et de Rosalie Papineau, la sœur de Louis-Joseph, le chef des patriotes. Il étudie au Séminaire de Saint-Hyacinthe, par la suite il fréquente le Séminaire de Québec et fait son droit à l’université de Georgetown à Washington où il est promu en 1848. Cette université lui accordera d’ailleurs un doctorat honoris causa en 1915. Il abandonnera toutefois sa cléricature pour assurer l’administration de la seigneurie Yamaska en 1852.
En effet, sa mère, veuve depuis 1835, décide, malgré les dispositions testamentaires de son mari, de diviser en trois parts la seigneurie initiale. Chacun de ses trois enfants, Louis-Antoine, Rosalie-Eugénie et Georges-Casimir, aura sa part. Georges-Casimir vit au manoir familial où il prend soin de sa mère jusqu’au décès de celle-ci, le 3 août 1857.
La même année, il épouse Émilie Mondelet, fille du juge Dominique Mondelet de Trois-Rivières. Le couple aura trois enfants, dont Henriette qui sera auteure et journaliste sous le pseudonyme de Fadette. En 1869, Georges-Casimir, veuf depuis cinq ans, épouse France-Louise Leman dite Fanny, une petite-nièce de Rosalie Papineau. Ils auront cinq enfants. Fanny décède en 1914.
Georges-Casimir Dessaulles est un homme d’affaires très actif. Il possède quelques moulins, une minoterie et une manufacture. Il lance un projet de développement d’une digue sur la rivière Yamaska pour augmenter la force hydraulique utilisée dans ses entreprises. En 1873, il crée, avec Romuald St-Jacques, la Compagnie manufacturière de Saint- Hyacinthe. L’année suivante, il fonde avec Pierre Bachand et Maurice Laframboise la Banque de Saint-Hyacinthe, dont il sera l’un des directeurs.
Bien qu’impliqué politiquement, Georges-Casimir n’eut pas la fougue de son frère aîné, le controversé Louis-Antoine Dessaulles. Polémiste, anticlérical, prônant l’annexion du Canada aux États-Unis, Louis-Antoine, moins sage et ordonné que son cadet, fut malheureux en affaires. Il dut quitter le Canada pour la France, abandonnant sa femme et sa fille, qui purent compter sur le soutien de Georges-Casimir.
Tant durant son règne à la mairie que lors de son passage à l’Assemblée législative, Dessaulles est consciencieux, mais ne fait pas de vagues. Il fait preuve toutefois de dynamisme dans l’administration de sa ville et de son comté, s’intéressant surtout au bien-être financier de ses commettants.
Lors des élections provinciales de 1900, il décide de ne pas se représenter. Joseph Morin remportera l’investiture pour les libéraux. En 1907, le premier ministre canadien, Wilfrid Laurier, dont Dessaulles est un ardent partisan, le nomme sénateur de la division sénatoriale de Rougemont. Il occupera ce poste jusqu’à sa mort le 19 avril 1930, à l’âge de 102 ans, ce qui en fait le doyen des parlementaires de l’Empire britannique.
En 1927, pour célébrer son centième anniversaire de naissance, la Ville de Saint-Hyacinthe organise de grandes célébrations. Pour l’occasion, on érige une porte d’honneur à l’entrée de la ville, connue aujourd’hui sous le nom de Porte des anciens maires.
Par Martin Ostiguy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe