Quelques heures avant l’assemblée du conseil municipal du 18 septembre, nous avons reçu à la rédaction un rare appel non sollicité du Service des communications. Il souhaitait s’enquérir de la possibilité que nous dépêchions un journaliste le lendemain matin à l’hôtel de ville pour un point de presse du maire concernant une déclaration importante qu’il ferait en ouverture de la séance publique. Voilà une demande inusitée laissant présager quelque chose d’important. Du genre : on tue la une!
J’ai donc suivi avec intérêt la séance en soirée. J’y ai entendu André Beauregard parler d’itinérance visible ou cachée, des préoccupations grandissantes de la Ville envers ce problème de société qui semble se répandre au centre-ville, tout particulièrement autour du Marché public où un enjeu de cohabitation a été constaté cet été et pose un problème de salubrité et de sécurité qui fait obstacle au vivre ensemble. « Nous sommes à identifier des mesures pour assurer la sécurité et la salubrité des lieux, a dit le maire sur un ton solennel. [Des solutions] réalisables rapidement grâce au travail de la Ville, de la Sûreté du Québec, du réseau de la santé et du communautaire. »
Au point de presse du lendemain matin, il n’avait encore aucune mesure concrète à annoncer, pas l’ombre d’une stratégie ou d’un plan d’intervention.
Puis, le conseiller du centre-ville, Jeannot Caron, a répété le discours entendu la veille. Considérant son passé et son parcours de vie, M. Caron est certainement le plus crédible pour parler d’itinérance, approcher et parler avec ceux et celles qui vivent dans la rue. Mais aussi bien intentionné et qualifié soit-il, lui non plus n’a pas de solutions magiques à offrir à ce problème de société infiniment complexe.
Et moi non plus d’ailleurs. Je ne suis pas un spécialiste de grand-chose et encore moins d’itinérance, mais je sais qu’il n’y a pas de solution unique.
Seule une solution concertée pourra peut-être contenir l’itinérance à défaut de l’enrayer. Les démonstrations de force et les coups de balai auxquels se sont livrées d’autres villes comparables (ou pas) à la nôtre ces dernières semaines aux quatre coins du Québec ne font qu’alimenter les tensions ou déplacer le problème. L’idée n’est certes pas de jeter de l’huile sur le feu, mais de traiter le problème à la source, bien souvent au cas par cas puisque chaque itinérant a des enjeux qui lui sont propres. Il faut donc les rejoindre là où ils sont. Dans une approche bienveillante. La question est plutôt de savoir si la Ville de Saint-Hyacinthe en fait assez, ou mieux, si elle agit de la bonne façon.
À écouter le maire Beauregard et le conseiller Caron, la réponse est oui. On répète que la Ville gère les mesures d’urgence par temps de canicule ou de grands froids, a contribué à la mise en place de la ressource d’hébergement Le Concorde et appuie financièrement par sa politique de reconnaissance et de soutien des dizaines d’organismes communautaires. Mais combien de ceux-ci sont directement outillés pour faire une différence sur le terrain de l’itinérance? Très ou trop peu à mon avis. Estimant pourtant avoir déjà fait sa part, la Ville a renvoyé la balle au bureau de la députée Chantal Soucy.
On presse donc le gouvernement de prendre ses responsabilités et d’en faire plus financièrement pour aider les municipalités et le milieu communautaire dans la recherche de solutions. La députée se dit prête à aider, à gratter ses fonds de tiroir s’il le faut, mais encore faudrait-il qu’on fasse autre chose que pelleter tout ça dans sa cour.
Pour répondre à des besoins, encore faut-il les connaître et les cerner. Avoir des demandes concrètes d’organismes et des initiatives novatrices à appuyer, question de faire davantage et autrement si les formules actuelles ne fonctionnent pas.
Penser qu’on en a fait assez parce qu’on ouvre une salle par temps froid et que Québec va tout régler à notre place, c’est être déconnecté de la rue. Il faudrait plutôt arpenter les rues du centre-ville et les alentours du Marché public, questionner et demander comment on peut aider. Surtout, il faut bien écouter les réponses.
Le plan d’action viendra ensuite, tout naturellement.