« Au cours des dernières années, on a constitué une équipe de cadres particulièrement engagés, des personnes compétentes, efficaces, à la fois expérimentées et agiles, appréciées du personnel de leur service respectif. Nous connaissons tous le contexte de rareté de main-d’œuvre. Les cadres sont très sollicités par de nombreux employeurs autant du milieu municipal que public et privé. Nous avons donc voulu que leur rémunération reflète cette valeur », a lancé d’emblée la conseillère municipale Claire Gagné au moment d’adopter la nouvelle politique de rémunération des cadres.

La révision de la politique doit se faire tous les cinq ans. Notons que la dernière a été mise en application en 2019. Les élus ont fait appel à la firme Raymond Chabot Grant Thornton pour dresser un portrait des salaires des cadres dans des villes comparables.

La politique de rémunération des cadres touche 55 postes, dont quelques-uns englobent plusieurs titulaires. C’est près de 70 personnes qui seront visées par ces augmentations qui varieront entre 9538 $ et 25 736 $ selon le poste et l’échelon. À l’heure actuelle, il manque une dizaine de titulaires à la Ville de Saint-Hyacinthe. L’impact financier de l’ajustement salarial de 14 % dépasse le million de dollars.

Opposition

Les conseillers municipaux Bernard Barré et David Bousquet se sont opposés à l’adoption de la nouvelle politique.

« Compte tenu du contexte, j’étais prêt à faire un grand pas en avant, a assuré Bernard Barré. Ce soir, avec cette résolution, on me demande de faire une enjambée. J’ai beaucoup de respect pour les cadres, mais j’ai aussi beaucoup de respect pour le citoyen payeur de taxes et plus particulièrement pour ceux qui en arrachent. Je vote contre. »

David Bousquet a mentionné avoir été agacé par la méthodologie. La firme a proposé une moyenne des salaires parmi les villes jugées comparables. La hausse proposée a pour objectif de dépasser cette moyenne. Pour le conseiller municipal, il aurait été plus à propos d’obtenir le salaire médian afin de prendre une décision. Il souligne aussi que certaines villes dont il a été question dans l’étude sont beaucoup plus riches que Saint-Hyacinthe.

« Ce qui m’agace, c’est l’ampleur de l’augmentation proposée, mais surtout le contexte dans lequel elle va être mise en œuvre. […] Les revenus de la Ville sont marqués par un ralentissement des constructions. On n’est pas en croissance au niveau des revenus, mais on est en croissance importante au niveau des dépenses. C’est le temps d’être rigoureux et de mieux contrôler nos dépenses afin d’éviter une spirale inflationniste », estime M. Bousquet.

Roulement de personnel

Certains conseillers ont tenu à rappeler le roulement de personnel important parmi les cadres à la Ville de Saint-Hyacinthe. Depuis janvier 2022, 43 % de l’équipe de gestionnaires en poste sont nouveaux dans leur fonction.

« Il faut agir. Remplacer un cadre coûte très cher à notre organisation. Ça coûte des fois de 50 % à 200 % le salaire du cadre qui est parti. Depuis mon élection il y a deux ans, on a enfin une équipe de cadres presque complète. Le message que je veux envoyer, c’est qu’on veut les garder et qu’on veut bien les traiter », dit le conseiller David-Olivier Huard.

Le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, ajoute que la Ville doit parfois afficher le poste à plusieurs reprises et doit même embaucher un chasseur de têtes pour pourvoir certains postes. « On affiche des postes et on n’a pas de candidatures. On est obligés d’embaucher des chasseurs de têtes qui nous reviennent en disant que les candidats ne veulent même pas venir en entrevue parce que la grille salariale est trop basse », affirme M. Beauregard.

En mars 2023, les plus hauts fonctionnaires avaient aussi obtenu un ajustement de 60 % de leurs allocations pour frais de déplacement. Les directions générales et les directions générales adjointes reçoivent, respectivement, des allocations fixes de 400 $ et 325 $ par mois. Le directeur des travaux publics et le directeur de la gestion des eaux usées et de la biométhanisation touchent aussi une allocation mensuelle, mais de moindre envergure.