Cet automne marque sa cinquième saison au sein du personnel d’entraîneurs des Patriotes. Après avoir occupé ce rôle de 2016 à 2018 avec l’équipe de son ancienne école, la jeune femme de 25 ans est revenue sur les lignes de côté du club benjamin depuis la saison dernière.
« Des filles qui coachent des gars, j’en vois assez rarement. En fait, je ne pense pas avoir d’exemple », confie Marie-Ève en entrevue avec LE COURRIER.
Rapidement, elle a réussi à faire sa place dans ce monde traditionnellement masculin grâce à sa passion pour ce sport et parce qu’elle a su saisir les opportunités qui se sont présentées à elle.
« Quand j’étais plus jeune, je voulais jouer au football, mais il n’y avait pas beaucoup d’opportunités [pour les filles] et jouer avec les gars, ce n’était pas évident, se remémore Marie-Ève. J’ai plutôt joué au soccer, au futsal et au basket. Mais vers la fin de mon secondaire, je commençais à poser plus de questions sur le football et à comprendre plus. […] Mon chum jouait avec l’équipe et quand il a terminé ses études, il s’est mis à coacher. J’allais à toutes les pratiques des Patriotes parce que ça m’intéressait, puis à un moment donné, Donald [Audet, le responsable des sports de l’ÉSSJ] m’a dit qu’il leur manquait de coachs et il m’a demandé si je voulais essayer. J’étais déjà à toutes les pratiques, donc je me suis dit pourquoi pas. J’ai commencé à coacher avec les benjamins. À ce moment, je n’avais encore jamais joué. »
Même si elle n’avait pas d’expérience comme joueuse, Marie-Ève Belleau avait tellement étudié le jeu qu’elle a rapidement été capable de l’enseigner aux recrues des Patriotes.
« Les gars [de l’équipe d’entraîneurs] ont été bons pour m’inclure et me soutenir. Même si j’étais une fille et que je n’avais jamais joué, ça ne voulait pas dire que je ne pouvais pas comprendre », souligne-t-elle.
« Des fois, les parents avaient de petites réticences et se demandaient c’est qui elle, pourquoi elle coache, mais une fois que tu prouves ce que tu es capable de faire, ça va bien. »
De coach à joueuse
Au même moment où on lui confiait ce rôle d’entraîneuse avec les Patriotes, Marie-Ève Belleau s’est jointe à l’équipe de flag football du Cégep de Drummondville comme joueuse à la position de… demi défensif.
« C’est la position à laquelle j’ai commencé à jouer et à laquelle je vais toujours jouer. Je n’aurais d’ailleurs pas été coach à l’attaque parce que, instinctivement, dans tous les sports que j’ai faits, je suis une fille de défense », affirme-t-elle.
Quelques années plus tard, la Saint-Pienne a enfin pu réaliser un rêve en intégrant une équipe féminine de football contact, le Blitz de Montréal.
« Quand j’ai commencé à jouer au flag et à coacher, je voulais jouer au foot contact, mais il a vraiment fallu que je cherche. Ce n’est pas venu à moi comme c’est le cas pour les gars. »
Depuis cinq ans, elle défend les couleurs de cette équipe élite. Cette expérience l’a d’ailleurs aidée à progresser comme athlète, mais aussi comme entraîneuse.
« Pour tout ce qui est contact, comme la technique de plaqué, il y a des subtilités qui sont plus difficiles à comprendre tant que tu ne l’as pas fait », reconnaît la jeune femme.
Entraîneuse avec Équipe Québec
Au cours de l’été, Marie-Ève Belleau a ajouté un autre fait d’armes à sa feuille de route en étant membre du personnel d’entraîneurs de l’Équipe Québec au championnat canadien de football féminin des moins de 18 ans.
« C’était une expérience extraordinaire. On a perdu en finale contre l’Alberta, mais c’était fou. Je n’avais jamais coaché une équipe de filles avant. C’était une expérience différente. La majorité des filles de l’équipe jouent avec des gars d’habitude, donc pour elles aussi, c’était spécial de jouer juste avec des filles. »
Une plus grande ouverture
Même si les filles se font encore rares dans le monde du football, Marie-Ève Belleau est d’avis que le sport fait preuve d’une plus grande ouverture maintenant. Elle rêve d’ailleurs du jour où une fille se joindra à l’équipe benjamine des Patriotes afin de l’entraîner.
« Je pense que ce serait bien vu qu’une fille joue avec les gars. Ça ne m’est jamais arrivé encore, mais j’adorerais ça! »