C’est ce qui a été permis d’apprendre vendredi dernier lors d’une rencontre éditoriale qui a réuni le rédacteur en chef et une journaliste du COURRIER à l’hôtel de ville de Saint-Hyacinthe, en compagnie du maire André Beauregard, de la directrice générale Chantal Frigon et de la directrice des ressources humaines Josiane Ménard.
Pour réviser la rémunération de son personnel cadre et procéder à un exercice de comparaison de la structure salariale avec le marché actuel de référence d’emploi, limité au municipal uniquement, la Ville de Saint-Hyacinthe avait mandaté la firme Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT). À la demande du COURRIER, la Ville a accepté de nous remettre son rapport. Celui-ci ne contient aucune recommandation de sa part, outre celle de la direction générale. « Nous recommandons au Conseil de repositionner la structure salariale cadre à 105 % de la moyenne des salaires 2022 des villes comparables. Cela représente un rattrapage de 14 % en date du 1er janvier 2024. »
Formuler des recommandations n’était pas dans le mandat donné à la firme, a justifié Mme Frigon. « Comme vous pouvez le voir, c’est la direction générale qui a proposé le chiffre de 14 % et c’est le conseil qui a tranché en suivant notre recommandation », a-t-elle commenté.
Le rapport de RCGT précise que les objectifs de son mandat se limitaient entre autres à « réaliser une analyse comparative de rémunération pour les postes cadres [pour] la Ville de Saint-Hyacinthe, et ce, dans le but de consolider la rétention de ses employés » et de demeurer compétitive dans le marché.
La comparaison salariale n’a pas tenu compte des allocations de dépenses des autres municipalités. À Saint-Hyacinthe, les plus hauts fonctionnaires ont des allocations mensuelles de dépenses, mais ne reçoivent pas d’allocations de dépenses avec pièces justificatives ni de bonus.
Pour la direction générale, il était donc impératif pour la Ville de se distinguer du marché afin d’avoir un pouvoir d’attraction et de fidélisation. Deux autres scénarios moins généreux et suggérant de repositionner la structure salariale cadre à 100 % ou 103 % de la moyenne des salaires 2022 des villes comparables n’ont pas été retenus par la direction générale ni par les élus.
Par ailleurs, la directrice générale a indiqué que, par souci d’équité à l’interne, il n’aurait pas été possible de moduler le rattrapage poste par poste de façon individuelle en fonction de l’écart entre le salaire versé à Saint-Hyacinthe et le salaire moyen versé à un employé qui exerce une fonction similaire dans les villes comparables. La formule du rattrapage de 14 % « mur à mur » s’imposait, confirme le maire. Rappelons que les cadres profiteront également d’une indexation de 2,25 % en janvier.
Pauvres cols blancs
LE COURRIER a aussi pu constater que les cadres ne sont pas les seuls employés de la Ville de Saint-Hyacinthe à avoir pu profiter d’un important rattrapage salarial ces dernières années.
En octobre 2021, au moment de signer leur plus récente convention collective, les cols bleus ont pu bénéficier d’un rattrapage de 7,5 %, outre des indexations totales de 14,5 % réparties du 1er janvier 2020 au 1er janvier 2026. À la signature de leur convention en mars dernier, les pompiers ont eux aussi profité d’un rattrapage de 12,5 %. Dans leur cas, cela s’ajoute à des indexations annuelles totalisant 14,5 % entre le 1er janvier 2020 et le 1er janvier 2026.
Les enfants pauvres au niveau du rattrapage salarial sont les cols blancs. Au moment de signer une convention collective d’une durée de sept ans en mars 2021, aucun rattrapage salarial n’a été prévu dans leur cas, outre des indexations totalisant pour eux aussi 14,5 % de 2020 à 2026.
« Les cols blancs ont été les premiers à négocier. Un rattrapage n’a pas été évoqué lors des négociations et nous n’en avons pas suggéré », a dit Mme Frigon, en se doutant bien que la question du rattrapage risque de s’inviter rapidement lors de la prochaine ronde de négociations.
« Il est certain qu’on va devoir avoir une réflexion sur le sujet puisqu’on se fait challenger là-dessus de plus en plus », poursuit le maire Beauregard.
Ce dernier rappelle qu’une politique de télétravail et une sur le capital humain ont été adoptées au cours de la dernière année. Le marché de l’emploi s’est complexifié avec les années, ajoute Mme Frigon.
« Le salaire est la première donnée dans le choix d’un emploi. Qu’est-ce qui amène un employé à choisir un employeur? Il veut être payé et reconnu. Il veut faire partie des prises de décisions, avoir l’impression que son travail a un impact, avoir du temps de qualité et acquérir de nouvelles compétences. Il faut composer avec tout ça », fait-elle valoir.
La Ville dit avoir travaillé à l’amélioration du climat de travail depuis près d’un an. On y a instauré une nouvelle culture organisationnelle. Des rencontres ont été effectuées dans tous les départements avec le maire et la direction générale. « Notre indice de bonheur est plus élevé que jamais. Ça se ressent. On n’a pas besoin de faire de sondage à l’interne pour le savoir », conclut Mme Frigon.
Avec la collaboration de Martin Bourassa