Ainsi s’achève la production la plus ancienne, la plus courte et néanmoins la plus écoutée de l’histoire Radio- Canadienne qui, depuis novembre 1939, donnait l’heure juste au pays. Ce service public était le fruit du travail des scientifiques du Centre national de recherche du Canada (CNRC) qui observaient la position des étoiles et gardaient les données dans des horloges au cristal. On en faisait ensuite l’annonce après la populaire émission Le réveil rural, juste avant que la belle voix grave de Miville Couture livre son Rrrrradiojournal.
Chaque jour à 13 h (ensuite midi), le signal horaire permettait à la populace d’ajuster montres et horloges qu’ils soient aux champs, au bureau ou à l’usine. Par la suite, le CNRC utilisa des horloges atomiques. Nous avons investi des millions pour moderniser les systèmes, les satellites et diffuser cette précieuse information de Terre-Neuve à la Colombie-Britannique et même développer une nouvelle génération d’horloges encore plus précises… puis, on s’est rendu compte que tout le monde avait l’heure sur son téléphone. Ben coudonc.
Ainsi se termine une tradition, peut-être la seule, qui unissait les Canadiens d’un océan à l’autre. Les nostalgiques pourront chanter « Let it beep », mais rien n’y fera, l’émission ira rejoindre Bobino et Les beaux dimanches au cimetière télévisuel. Pour le trait prolongé, à la fin de cette chronique, il sera exactement l’heure de sombrer dans l’oubli.
Beeeeeeeep.