26 octobre 2023 - 03:00
Vitesse réduite dans les rues de Saint-Hyacinthe
Enthousiasme modéré
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

Je suis bien placé pour le savoir, ce n’est pas toujours facile de défendre ses idées, surtout quand elles sont à contre- courant. En théorie, l’idée de forcer les automobilistes maskoutains à lever le pied paraît excellente et consensuelle.

Mais en pratique, j’ai l’impression qu’elle ne changera pas grand-chose, à part créer un faux sentiment de sécurité chez les piétons. Si cela s’avère, il s’agirait d’une mauvaise bonne idée de la Ville de Saint-Hyacinthe, même si ses intentions sont louables.

Voilà pourquoi je n’ai pas accueilli cette volonté en matière de sécurité routière avec un excès d’enthousiasme. Déjà l’an dernier, je me demandais quelle mouche avait bien pu piquer le maire de Saint-Hyacinthe pour qu’il parte en croisade avec l’idée d’abaisser à 40 km/h la vitesse maximale permise dans les rues résidentielles de sa ville. André Beauregard semblait vouloir en faire une affaire personnelle, lui qui disait taper sur ce clou depuis sa première élection en 2009. « Avec le nouveau conseil, disait-il, je crois qu’il y aura des gens en faveur. Je pense que cette fois sera la bonne. »

Suis-je le seul à m’ennuyer des anciens conseils?

Toujours est-il que l’idée a fini par faire son chemin à grande vitesse.

Tellement qu’il n’est plus question d’abaisser la limite actuelle de 10 km/h, mais plutôt de 20 km/h sur l’ensemble des rues résidentielles maskoutaines. En imposant une vitesse maximale de 30 km/h partout, la Ville souhaite éviter la confusion. On se colle aux zones scolaires où la vitesse est déjà limitée à 30 km/h. On évite donc de créer une macédoine de rues avec des vitesses variant de 50, de 40 ou de 30 km/h. Parfait.

Et l’idée de rouler pépère en ville fait l’unanimité au conseil, selon un tour de table réalisé en comité plénier. Plus rien ni personne n’empêchera la Ville de Saint-Hyacinthe de modérer les ardeurs des automobilistes l’an prochain. Elle rejoindra donc une tendance qui gagne de plus en plus d’adeptes dans le monde municipal, et ce, même si des spécialistes émettent ici et là des réserves sur ces initiatives.

En gros, ils disent que le simple fait d’abaisser la vitesse dans les rues n’est pas suffisant pour modifier les habitudes des automobilistes. Pour avoir fait l’exercice à quelques reprises depuis une semaine, rouler à 30 km/h sur une courte ou moyenne distance exige un effort considérable. Les experts estiment qu’il faut inscrire ce changement des habitudes dans un cadre beaucoup plus large. Il faut prévoir beaucoup de sensibilisation, de surveillance accrue et de répression. Cela semble aller de soi, mais en pratique, la Sûreté du Québec peine déjà à faire respecter la vitesse en zone scolaire. Partout au Québec, les opérations radar effectuées en zone scolaire ne sont jamais inutiles. Seulement à Montréal cet automne, les policiers de la métropole ont remis près de 6250 contraventions en zone scolaire en moins d’un mois, dans le cadre de l’opération Rentrée scolaire 2023. Lors d’une opération de surveillance par radar photo dans ces mêmes zones, quelque 1675 infractions ont été constatées en 120 heures de fonctionnement. Toutes proportions gardées, on peut présumer que ce n’est guère mieux dans les zones scolaires de chez nous. Alors, imaginez un peu ce que ce sera à la grandeur de la ville en 2024 avec des vitesses réduites à 30 km/h.

J’ai aussi failli m’étouffer en lisant que la Ville prévoyait à long terme de réaliser différents aménagements en complément de l’affichage de rue. On songerait à réduire la largeur de certaines rues ou même à ajouter des îlots refuges (!) pour les piétons. « Ce n’est pas juste la réduction de la vitesse à 30 km/h qui va régler tous les problèmes, a reconnu le maire Beauregard. On va devoir faire certains aménagements pour amener les gens à ralentir. Chaque fois qu’on va refaire une rue, on va réfléchir à ce qu’on peut faire. » Voulez-vous une suggestion constructive de ma part en terminant?

Le meilleur îlot refuge pour piétons, c’est encore les trottoirs. Il faudrait peut-être en refaire et en ajouter dans les quartiers au lieu d’imposer un plan directeur qui prévoit d’en éliminer l’équivalent de 66 km. La Ville veut réduire la vitesse des automobilistes et pousser les piétons dans la rue. Le choc fera moins de dégâts. Fallait y penser!

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