Parmi les trois municipalités contactées par LE COURRIER, Trois-Rivières est celle qui a implanté cette limite de vitesse il y a le plus longtemps et elle n’y voit que des impacts positifs. C’est en septembre 2022 que la Ville a instauré un projet pilote à ce sujet. Il s’agissait de cibler un quartier pour chacun des 14 districts de son territoire où le besoin de réduire la vitesse semblait criant. Pour faire son choix, la Municipalité s’est basée sur les requêtes des citoyens via sa ligne 311 et les données de vitesse collectées dans les quartiers. Auparavant, la Ville avait déjà créé des quartiers conviviaux plus colorés et où, par exemple, des pots de fleurs étaient installés afin de rétrécir les rues et réduire la vitesse. Toutefois, des citoyens ont demandé à la Municipalité d’aller plus loin en changeant la limite de vitesse, ce qui a été fait à certains endroits.
Dans un sondage réalisé environ six mois après l’entrée en vigueur de la nouvelle réglementation, soit au printemps dernier, la majorité des citoyens ont témoigné leur reconnaissance et ont confirmé avoir constaté des changements de comportements. Parmi les répondants, 75 % se sont dits satisfaits du changement de vitesse, 67 % ont constaté que les automobilistes roulaient moins vite dans ces quartiers et 67 % disent faire plus attention à leur vitesse lorsqu’ils conduisent. De plus, la Ville a indiqué que, selon les données qu’elle a récoltées, la vitesse a diminué de 10 % en moyenne à ces endroits. La vitesse de 30 km/h a donc été conservée dans les quartiers ciblés.
Selon le porte-parole de la Ville, Mikael Morrissette, cela s’explique principalement par la bonne communication établie avec les citoyens. En fait, avant d’instaurer ce changement de vitesse, 14 séances d’information, soit une par quartier ciblé, ont été organisées avec un élu du district et un employé de la Ville. Ceux-ci ont pu répondre aux questions des citoyens et prendre en considération leurs commentaires.
Toutefois, bien que les résultats soient encourageants et que la Ville poursuive sa réflexion sur la possibilité d’ajouter d’autres quartiers, M. Morrissette a indiqué qu’elle préférait comptabiliser des résultats sur une plus longue période. Toutefois, d’autres mesures sont mises en place, comme aménager des avancées de trottoir et installer des traverses piétonnières lumineuses.
« Nous devons jouer sur trois tableaux si nous voulons que ça fonctionne, soit la sensibilisation, la coercition et les aménagements physiques », a conclu le porte-parole.
Peu ou pas de plaintes à Laval et à Waterloo
À Laval, des changements de limites de vitesse ont été effectués cet été. Elle est de 30 km/h sur les rues locales, de 40 km/h sur les rues collectrices et de 50 km/h sur les artères. Un conseiller municipal du quartier Sainte-Dorothée et responsable de l’ingénierie à la Ville, Ray Khalil, a affirmé que la réaction de la population est très bonne puisqu’il y a eu très peu de plaintes. De plus, ceux qui se sont plaints ont bien accepté la décision à la vue des données. Par exemple, le risque de survie augmente considérablement quand un piéton est frappé à 30 km/h plutôt qu’à 50 km/h. « Ils ont vu que ce n’était pas une décision prise sur un coin de table, mais qu’il y avait une réflexion derrière », a mentionné M. Khalil.
Selon lui, bien informer la population est essentiel. À cela s’ajoutent aussi d’autres mesures qui font la différence. Par exemple, la campagne publicitaire Tout doux dans nos rues, mettant en vedette la chanson « Tout doux » de Claude Bégin misant sur l’humour, a fait fureur partout au Québec. De plus, les policiers font de la sensibilisation et des mesures d’apaisement de la circulation (MAC) sont mises en place par le biais d’aménagements physiques.
D’ailleurs, M. Khalil a tenu à souligner qu’il ne s’agit pas d’un changement drastique, mais que depuis 2015, la Ville de Laval a mis en place des MAC. Seulement dans les deux ou trois dernières années, ce sont plus de 800 MAC qui ont été ajoutées et 400 autres par année sont prévues sur trois ans à compter de cette année.
Selon le conseiller, il s’agissait donc de la suite logique des choses d’uniformiser les limites de vitesse selon le type de rues. En fait, la Ville intervenait auparavant au cas par cas, mais le nombre d’appels pour demander des changements était devenu trop considérable.
La Municipalité de Waterloo a, elle aussi, emboîté le pas cet été en réduisant la vitesse à 30 km/h dans toutes les rues résidentielles, non collectrices et non sous l’emprise du ministère des Transports. Le directeur général Louis Verhoef n’a reçu aucune plainte. Cela peut s’expliquer par le fait que la police a été conciliante dans les premières semaines. Il n’y a pas d’autres mesures prévues à Waterloo sinon lors des travaux essentiels de reconstruction de rues. Elles seront alors rétrécies.