26 octobre 2023 - 03:00
Aller au-delà du changement de vitesse
Par: Sarah-Eve Charland
Nicolas Saunier, professeur titulaire en génie du transport à Polytechnique Montréal. Photo gracieuseté

Nicolas Saunier, professeur titulaire en génie du transport à Polytechnique Montréal. Photo gracieuseté

La Ville de Saint-Hyacinthe devra mettre en place rapidement une série de mesures si elle souhaite que la réduction de la vitesse à 30 km/h ait un impact sur le comportement des automobilistes.

« Ce n’est pas parce qu’on change la limite de vitesse que les gens la respectent, précise d’emblée le professeur titulaire en génie du transport à Polytechnique Montréal Nicolas Saunier. C’est certain qu’il faut d’autres mesures. Il ne faut pas juste changer la limite de vitesse. La littérature [scientifique] nous dit bien que, de façon générale, les conducteurs réagissent énormément à leur lecture de leur environnement et de la route. Si j’ai une route très large avec une vue bien dégagée, je vais aller vite. Si j’ai une rue plus étroite, mon champ visuel va être plus fermé et je vais mieux adapter ma vitesse. »

Le pouvoir de régir la vitesse sur les rues résidentielles a été transféré aux municipalités en 2017 par le biais de la Loi visant à reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de proximité. Depuis, les municipalités n’ont plus à obtenir l’aval du ministère des Transports du Québec (MTQ) pour déterminer les limites de vitesse dans les rues résidentielles.

Même si ces changements ne font plus l’objet d’analyses techniques du MTQ, ce dernier offre un soutien technique et propose ses recommandations dans le document Gestion de la vitesse sur le réseau routier municipal en milieu urbain. Le MTQ souligne que la signalisation de limite de vitesse influence très peu le comportement des conducteurs en matière de vitesse. On suggère aux municipalités de fixer une limite de 30 km/h dans les rues locales tertiaires ayant un débit journalier moyen de moins de 500 véhicules.

On y indique que si aucune autre mesure n’est prévue, une limite maximale de 30 km/h ne sera pas jugée crédible par les automobilistes. Certains critères doivent être respectés, peut-on lire dans ce guide. Entre autres, le MTQ souligne que la largeur de la rue doit être inférieure à six mètres, qu’on puisse retrouver des cases de stationnement d’un côté de la rue ou encore que la distance maximale à parcourir pour atteindre une rue collectrice doit être inférieure à un kilomètre.

Le gouvernement du Québec prévoit d’aller plus loin en offrant plus de latitude aux municipalités en matière de sécurité routière. Au sommet Pétionnes et piétons avant tout à Drummondville, la semaine dernière, la ministre des Transports du Québec, Geneviève Guilbault, a annoncé qu’un projet de loi sera déposé cette année afin de faciliter le processus visant à régir les limites de vitesse sur les routes de juridiction provinciale.

Réduire les risques d’accident

Depuis quelques années, les municipalités tendent à adopter des limites maximales de 30 km/h au lieu de 40 km/h dans les quartiers résidentiels. Il est vrai que la vitesse a un impact autant sur la probabilité que sur la gravité des accidents, assure M. Saunier. Notamment, la gravité des conséquences d’un accident est plutôt faible en dessous d’une vitesse à 30 km/h, mais augmente de façon exponentielle en élevant la vitesse.

Il est toutefois difficile d’évaluer les enjeux de sécurité dans les quartiers résidentiels. Selon les données empiriques au Québec, peu d’accidents se produisent dans les rues résidentielles. Les accidents sont concentrés sur les rues plus achalandées.

« Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problème. En nombre absolu, ce n’est pas le problème de la sécurité routière au Québec, mais on a quand même des accidents mortels avec des piétons, qui se produisent de façon complètement inattendue. Il y a cet effet de cercle vicieux, c’est-à-dire que si on perçoit que la sécurité n’est pas bonne, on prend notre voiture et, par le fait même, on aggrave le problème. On voit cet effet autour des écoles, notamment », poursuit M. Saunier.

En parallèle, il recommande donc d’augmenter les mesures pour favoriser les modes de transport actif. Moins il y a de voitures sur les routes, moins il y a de risque.

image

Une meilleure expérience est disponible

Nous avons détecté que vous consultez le site directement depuis Safari. Pour une meilleure expérience et pour rester informé en recevant des alertes, créez une application Web en suivant les instructions.

Instruction Image