Je devine qu’elle n’a pas aimé le titre que j’avais choisi pour illustrer notre manchette sur la pelletée de terre lançant les travaux de construction du nouveau palais de justice de Saint-Hyacinthe. Quel était ce titre?
Pour rappel, il se lisait comme suit : « Coût de remplacement du palais de justice : une facture de 185,5 M$ ». Peut-être aussi réagissait-elle au titre du texte principal.
Celui-ci allait comme suit : « Une facture de 185,5 M$ pour construire un palais de justice ». Je n’ai pas cherché à connaître la source exacte, voire la cible, de son malaise.
Ma réplique a été la suivante : « Et celui [le titre] choisi est négatif à ton avis? »
Réponse de la députée : « Ça ne donne pas un ton positif. » Fin de la discussion.
Non, je n’ai pas pris la peine de lui préciser que LE COURRIER n’a pas pour mission de donner un ton positif à une nouvelle, par plus qu’il a pour objectif de faire dans le négativisme ou de cracher dans la soupe pour le simple plaisir.
Je laisse au lecteur le soin de faire la part des choses et de tirer ses propres conclusions. Peut-être même que notre députée n’a pas tort dans le fond. En insistant sur le coût de remplacement, qui était tout de même l’aspect nouveau du reportage sur le lancement du chantier puisque les maquettes avaient déjà été rendues publiques, un choix éditorial a été fait. Oui, j’ai porté un jugement de valeur. Il relève de la subjectivité, de mon appréciation personnelle, comme le précise la définition même de cette expression. Mais je ne vais pas m’en excuser quand même.
Plus de 185 M$, c’est le prix à payer dans le marché actuel certes, mais c’est aussi énormément d’argent, non? Surtout pour un bâtiment qui n’est pas appelé à révolutionner grand-chose sur le plan technologique ou environnemental.
Ce n’est pas un crime de penser que c’est cher payé, de l’écrire dans un journal et même d’insister sur ce point si l’on se préoccupe un tantinet de l’état de nos finances publiques. Est-ce un scandale de dépenser 185,5 M$ pour remplacer un palais de justice, dont une somme de 114,5 M$ pour sa reconstruction et 16,2 M$ pour aménager un palais de justice temporaire le temps des travaux? Je ne crois pas et cela n’a rien d’un caprice. Ce n’est pas comme si nous pouvions nous passer d’un palais de justice.
Comme nous ne pouvions nous passer d’un hôpital sans moisissures à Saint-Hyacinthe à partir de l’été 2001. Rappelons qu’au terme de travaux de réhabilitation qui se sont étirés sur quelques années afin de rénover et nettoyer notre centre hospitalier en profondeur, sans recourir à un hôpital temporaire, ce vaste chantier a engendré une facture se situant entre 160 et 175 M$, avions-nous calculé à l’automne 2013.
Et voilà que 10 ans plus tard, remplacer un palais de justice coûte la bagatelle de 185,5 M$. Il faut quand même rappeler que l’on estimait la dépense à près de 100 M$ tout juste avant la pandémie. L’effet de l’inflation galopante post-covid est indéniable. Et c’est inquiétant pour la suite des choses, alors que la Ville de Saint-Hyacinthe se prépare à remplacer sa promenade Gérard-Côté, un chantier qu’elle estime à 30 M$.
Inquiétant quand on pense que le gouvernement du Québec peine à trouver les fonds nécessaires pour s’entendre avec la fonction publique et construire une nouvelle école primaire à Saint-Simon par exemple. Désolé d’insister sur l’argent, mais ces temps-ci, les préoccupations économiques priment sur bien des enjeux.
Bien entendu, si j’avais été plus créatif et positif dans mon choix de titre, j’aurais pu écrire tout simplement : MERCI LA CAQ. Merci d’investir autant dans du neuf, merci de financer la construction du stationnement public intérieur et surtout merci d’avoir compris toute l’importance de reconstruire le palais de justice au centre-ville.
La prochaine fois peut-être.
Mais d’ici là, il me tarde vraiment de connaître l’avis de notre députée sur notre caricature de la semaine. Pour ma part, je la trouve savoureuse.
