9 novembre 2023 - 03:00
Prendre soin de soi pour prendre soin de l’autre
Par: Adaée Beaulieu
La Société Alzheimer des Maskoutains-Vallée des Patriotes participe à des haltes-répit destinées aux proches aidants dans les résidences pour personnes âgées. Photo gracieuseté

La Société Alzheimer des Maskoutains-Vallée des Patriotes participe à des haltes-répit destinées aux proches aidants dans les résidences pour personnes âgées. Photo gracieuseté

En plein cœur de la Semaine de la proche aidance, qui se déroule du 5 au 11 novembre, LE COURRIER a discuté avec deux représentants d’organismes qui soutiennent les proches aidants par différents services. Ils sont unanimes : un proche aidant doit prendre soin de lui s’il veut bien prendre soin de la personne à qui il vient en aide.

Pour Andréanne Morin, directrice du programme Accompagnement aux familles de la Maison de la famille des Maskoutains, il est essentiel qu’une personne réalise premièrement qu’elle est une proche aidante pour qu’elle puisse ensuite avoir le réflexe d’aller chercher du soutien.

Selon Mme Morin, malheureusement, trop peu de personnes s’identifient à ce rôle. Toutefois, toute personne qui aide quelqu’un quelques heures par semaine, même s’il s’agit d’un membre de sa famille, est une proche aidante.

Bernard Chassé, conseiller aux familles pour la Société Alzheimer des Maskoutains-Vallée des Patriotes, abonde dans le même sens. « La notion de proche aidance n’est pas toujours claire. Du coup, c’est difficile pour les gens de se reconnaître. Les gens sont d’abord le conjoint, la conjointe, le fils, la fille, l’ami de la personne. Évidemment, quand la personne a des problèmes cognitifs et change, le lien change et donc ce qui définissait la relation avant se retrouve à être bousculé », a expliqué M. Chassé. Toutefois, il ajoute que, même si les rôles et les tâches du proche aidant changent, cette modification est prise pour naturelle, alors que ce ne devrait pas être le cas. D’ailleurs, plusieurs proches aidants ont de la difficulté à établir leurs limites et, quand c’est fait, à les respecter, car ils ont souvent promis de toujours être là pour la personne malade.

Selon M. Chassé, si les professionnels de la santé reconnaissent le rôle des proches aidants avant même qu’un diagnostic de problèmes cognitifs chez leur proche ne tombe, ce qui peut prendre plusieurs années, cela peut leur permettre d’être outillés rapidement plutôt que fragilisés. D’ailleurs, une enquête réalisée par l’organisme L’Appui pour les proches aidants en 2022 a révélé que 2,4 millions de Québécois, soit un tiers des adultes, sont des proches aidants. « Malheureusement, 35 % d’entre eux ne se reconnaissent pas en tant que tels, ce qui les empêche d’accéder aux ressources nécessaires pour améliorer leur qualité de vie. Or, si ce rôle peut être gratifiant et enrichissant, il a aussi souvent des répercussions sur la qualité de vie et la santé des personnes proches aidantes », a expliqué Karine Cloutier, conseillère en développement régional – Montérégie pour l’organisme.

Services offerts

C’est pour cette raison que la Maison de la famille des Maskoutains offre des services aux proches aidants depuis 15 ans et les adapte selon leurs besoins au fil des années. D’ailleurs, à la suite d’une demande adressée par des proches aidants, l’organisme vise à démarrer ce mois-ci un groupe de soutien nommé Fleurs de lotus. Il s’agira d’un groupe de discussion sans thématique. « Nous allons vraiment y aller avec l’état d’esprit des proches aidants et travailler avec ce dont ils ont besoin sur le moment », a mentionné Mme Morin. Des déjeuners entre aidants où ont lieu des échanges informels s’organisent aussi ponctuellement.

Les cafés thématiques se poursuivent les jeudis matin jusqu’au 16 novembre. Différentes émotions auxquelles les proches aidants peuvent être confrontés, que ce soit par exemple la culpabilité ou le stress et l’anxiété, y sont abordées. Le lâcher-prise y est aussi prôné. Pour leur part, les ateliers thématiques reprendront le lundi après-midi dès janvier. Ils abordent les deuils blancs auxquels les personnes aidées par les proches aidants font face et aident ces derniers à les traverser. C’est également le lundi après-midi que la halte-répit, un des plus anciens services offerts par la Maison de la famille aux proches aidants, est disponible. Ce service accueille les personnes aidées pour donner un répit aux proches aidants. Ce peut être des personnes souffrant de démence, ayant reçu un diagnostic d’Alzheimer ou en perte de motricité globale. Un soutien individuel téléphonique, virtuel ou en personne est aussi disponible pour les proches aidants. « Pour nous, c’est super important de soutenir les proches aidants, car ils font un travail colossal bénévolement. Si eux ne sont pas là, les personnes aidées n’ont pas de soutien », a conclu Andréanne Morin.

Du côté de la Société Alzheimer des Maskoutains-Vallée des Patriotes, Bernard Chassé considère les proches aidants comme des marathoniens qui ont besoin de soutien pour poursuivre la course qui peut durer plusieurs années. Selon lui, une des clés est de les former rapidement afin qu’ils connaissent mieux la maladie et donc ce à quoi ils sont confrontés en aidant un proche qui en souffre. L’organisme offre de telles formations à longueur d’année.

L’autre volet mis de l’avant par l’organisme est celui des services psychosociaux. Ils permettent de soutenir les proches aidants dans ce qui leur arrive.

À la suite d’une entente avec le CLSC résultant d’une évaluation, du répit peut aussi être offert à domicile. De plus, en passant par le CLSC, les proches aidants peuvent aussi bénéficier d’une halte-répit au Saphir ou à la Résidence Bourg-Joli à Saint-Hyacinthe.

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