Le moment était grand pour les joueuses en visite. En raison de l’éloignement géographique de leur communauté, située sur la Côte-Nord, et du bassin restreint de joueuses qu’on y trouve, ces jeunes filles âgées de 9 à 14 ans n’avaient encore jamais eu l’opportunité de jouer contre d’autres équipes.
Ce sont les Patriotes, par l’intermédiaire de leur entraîneuse Magalie Lapointe, qui ont lancé l’invitation aux joueuses d’Unamen Shipu. L’ancienne journaliste maskoutaine avait développé une certaine affinité avec cette région de la Côte-Nord en raison d’une enquête journalistique qu’elle avait menée à cet endroit il y a quelques années. Elle était du même coup tombée sous le charme des habitants qu’on y trouve et avait tissé des liens avec plusieurs d’entre eux. Et c’est ce qu’elle souhaitait recréer pour ses joueuses – et celles d’Unamen Shipu – en organisant cette activité.
« Louisette [Bellefleur], leur entraîneuse, mettait des vidéos de ses joueuses sur Facebook. Je lui ai écrit pour lui dire qu’on pourrait peut-être essayer de faire jouer nos équipes l’une contre l’autre. En à peine 48 h, tout était réglé et la communauté avait amassé l’argent pour leur permettre de venir », raconte Magalie Lapointe.
Lors de cette journée à Saint-Hyacinthe, les joueuses d’Unamen Shipu ont pu s’entraîner en compagnie des joueuses des Patriotes ainsi que celles des Lauréats du Cégep de Saint-Hyacinthe, qui sont venues leur partager leurs connaissances. Par la suite, des matchs amicaux ont été organisés entre les équipes maskoutaines et innues. Pour conclure cette journée, les visiteuses étaient invitées à assister à la joute des Lauréats en soirée.
« Ça fait seulement deux mois qu’elles jouent, a souligné Louisette Bellefleur, l’entraîneuse des équipes d’Unamen Shipu. Quand elles ont su qu’elles viendraient ici, elles voulaient toujours être au gymnase [pour s’entraîner]. Il y avait un stress qui était là parce qu’elles ne savaient pas à quoi s’attendre. »
Habituées de s’entraîner en jeans et dans leurs vêtements du quotidien, les joueuses innues ont réussi à obtenir des uniformes – qu’elles portaient fièrement – juste à temps pour leur visite à Saint-Hyacinthe. « Pour nos filles, c’est le fun parce que ça leur fait vivre une autre expérience que de juste jouer ensemble », a ajouté Mme Bellefleur.
Dès leur arrivée à l’École secondaire Saint-Joseph, les visiteuses ont été accueillies à bras ouverts par leurs hôtes. Une belle sororité s’est d’ailleurs installée rapidement entre les joueuses des différentes équipes. Ensemble, elles ont même fait un makusham, une danse traditionnelle.
« Ici, c’est comme chez vous et on va tout faire pour que vous ayez un bon moment », a lancé Magalie Lapointe en leur souhaitant la bienvenue.
Le ministre responsable des relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, était même présent pour donner le coup d’envoi à ce rendez-vous inédit à Saint-Hyacinthe afin d’appuyer l’initiative de la Maskoutaine, qui est son attachée politique. La députée de Saint-Hyacinthe, Chantal Soucy, était également sur place. Les deux personnalités politiques ont appuyé le projet dès le début afin qu’il se concrétise.
« C’est beau de vous voir rassemblées autour d’un thème qui vous passionne : le sport », a souligné Mme Soucy dans une allocution.
« Pour nous, c’est un très grand honneur de vous recevoir, a pour sa part soutenu le directeur de l’École secondaire Saint-Joseph, Michel Lussier. Aujourd’hui, c’est plus qu’un tournoi. C’est une occasion pour permettre de se rencontrer et de tisser des liens entre nos deux communautés. »