Vous n’êtes pas sans savoir que le projet de loi 15 vient chambouler plusieurs pans du réseau de la santé et des services sociaux québécois. C’est pourquoi nous nous opposons à l’hypercentralisation, à la perte de démocratie et à l’opacité à venir dans la gestion du réseau. Nous nous questionnons sur la prise en compte des réalités locales, sur l’instrumentalisation des organismes communautaires en santé et services sociaux ainsi que sur la privatisation possible de notre système de santé.
Dans les dernières années, les gouvernements successifs ont laissé la porte grande ouverte à la mise en place d’un réseau de santé privé parallèle. Un récent article du Globe and Mail présente le Québec comme le champion de la privatisation des soins de santé au Canada. Quelque 642 médecins québécois (dont 432 médecins de famille) pratiquent exclusivement dans le système privé, alors que pour tout le reste du Canada, ils ne sont que 12. Qu’en serait-il de notre temps d’attente si ces 642 médecins travaillaient dans le secteur public?
Avec le projet de loi 15, le gouvernement choisit d’orchestrer un système où l’État subventionne les compagnies privées pour qu’elles dispensent des soins de santé. On rassure la population en lui disant qu’elle n’aura rien à payer, mais nous ne sommes pas dupes, c’est la population qui devra assumer des coûts beaucoup plus élevés en santé afin de couvrir la portion de profits inhérente à la médecine privée. Devrons-nous, comme citoyens et citoyennes, nous endetter pour accéder à des soins de qualité?
Le détournement des patients vers les soins privés ne soulage pas le réseau public, il est plutôt à la source des problèmes d’accessibilité. Le projet de loi 15 accélérera le développement de la médecine privée au Québec. Vous avez le pouvoir, comme élue à l’Assemblée nationale, d’accélérer ou de freiner l’effritement de l’accès aux services accessibles, gratuits et universels.
En espérant que votre engagement envers vos concitoyennes et concitoyens ainsi que votre dévouement au service public vous inciteront à prendre cette question au sérieux. Dans le cas contraire, le gouvernement du Québec fera face à la grogne populaire d’une société qui voit s’étioler le système de santé qu’elle a fièrement érigé il y a une soixantaine d’années.
Simon Proulx, directeur général
CDC des Maskoutains