Abasourdie, celle qui se déplace en fauteuil roulant dénonce que l’accès aux personnes à mobilité réduite ait été pris à la légère au moment d’élaborer les plans pour la nouvelle bibliothèque. Rappelons que la bibliothèque a été inaugurée à la fin du mois de septembre.
« Ça m’a tellement touché. Ça m’a tellement fait de la peine. Je suis sortie de la bibliothèque, je ne feelais pas. Je ne me suis pas sentie accueillie. Je ne me suis pas sentie importante. […] Quand je suis revenue chez moi, j’avais envie de pleurer », raconte Mme Barré, visiblement secouée par la situation.
À l’entrée du bâtiment, vis-à-vis de l’avenue Bourdages Nord, le seuil de la porte d’entrée est élevé de 40 mm. À titre d’exemple, une rampe d’accès doit être installée à chaque dénivellation de plus de 13 mm, selon le Code du bâtiment, pour qu’un immeuble soit accessible universellement. La situation ne s’améliore pas davantage à l’arrière de la bibliothèque où la dénivellation est de 50 mm. Toujours selon le Code du bâtiment, au moins la moitié des entrées piétonnières doit être sans obstacle.
« Une personne sur deux jambes ne le remarquera pas, mais moi, je l’ai vu tout de suite après avoir pesé sur le bouton pour les portes automatiques. Je ne suis même pas encore dans le bâtiment que j’ai un obstacle », mentionne-t-elle.
Dans son exploration, elle a aussi constaté qu’aucune toilette adaptée n’a été aménagée au premier étage. Elle doit donc se déplacer à un autre étage pour trouver une salle de bain adaptée, mais elle s’aperçoit avec surprise que la largeur de la porte est beaucoup trop étroite pour un fauteuil roulant. Les portes doivent minimalement avoir une largeur de 31,5 pouces pour être considérées comme accessibles pour les personnes à mobilité réduite. La porte des toilettes pour personne handicapée au rez-de-chaussée a une largeur de 30,5 pouces, alors que l’accès aux toilettes régulières est de 32,5 pouces.
« On n’a même pas le minimum. Ça n’a juste pas de bon sens. En plus, j’ai un fauteuil pour adolescent parce que je suis petite. Les personnes qui ont un fauteuil d’adulte ou électrique ne peuvent pas passer dans ce cadre de porte. […] Il y a des toilettes partout. Il y en a beaucoup, mais il y en a juste trois pour les personnes handicapées. En plus, il faut la partager. Pourquoi on ne peut pas avoir des toilettes réservées? », s’offusque-t-elle.
De plus, aucune salle de bain adaptée n’est munie d’un bouton pour des portes automatiques. Et c’est sans compter tous les aménagements qui ne prévoient aucun espace pour les personnes à mobilité réduite, comme un comptoir ajustable ou des lampes qui peuvent être allumées par des personnes en fauteuil roulant.
Des élus embarrassés
Jani Barré a présenté ses revendications aux élus en séance du conseil le 4 décembre. Cela s’est déroulé quelques minutes après que le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, a souligné la tenue de la Journée internationale des personnes handicapées qui s’est déroulée la veille.
Le maire a qualifié cette intervention de coup de massue. « C’est quand même fâchant en tant qu’administration publique [d’apprendre cela]. On paie des fortunes pour des professionnels qui sont supposés bien nous orienter. C’est désolant et enrageant. »
Les élus ont invité Mme Barré à effectuer une visite de la bibliothèque avec le Service des travaux publics pour identifier des lacunes. Cette dernière a accepté l’invitation sans hésitation. « Je suis une fille de solution. Je suis certaine qu’on va en trouver ensemble. Il n’est pas trop tard. J’aurais aimé qu’on m’invite à faire cet exercice beaucoup plus tôt. Ils devraient y penser lorsqu’ils auront d’autres projets de construction. »
Le comité du Plan d’action à l’égard de la personne handicapée de la Ville de Saint-Hyacinthe se rencontrera d’ailleurs cette semaine, assure le conseiller municipal Donald Côté, et il en sera question.
« On va demander des correctifs rapidement, poursuit M. Beauregard. Ça n’a aucun sens qu’on ait une aussi belle bibliothèque, mais qu’elle ne soit pas adaptée. Vous avez tout à fait raison dans vos revendications. Ça me surprend qu’on ne s’en soit pas rendu compte avant et j’en suis désolé. »