Celui qui porte les couleurs des Foreurs de Val d’Or n’a pas pris la route la plus fréquentée pour s’y rendre, lui qui n’a jamais joué pour une équipe de calibre M18 AAA et n’a jamais été repêché par une équipe de la LHJMQ. Il a fait sa marque autrement et il s’est promené entre Saint-Hyacinthe et Granby avant de pouvoir atteindre la LHJMQ, l’objectif qu’il s’était fixé.
Il doit cette réussite à la force de caractère qu’il dit avoir héritée de sa mère, décédée alors qu’il n’avait que 10 ans. Il la considère toujours comme son modèle et il n’a jamais oublié ses judicieux conseils : « Il faut travailler fort et chaque jour donner son 100 %, lui disait-elle sans cesse. Peu importe ce que les autres pensent, concentre-toi sur toi. Si tu veux quelque chose, il n’y a rien d’impossible, et va le chercher. »
Et ce qu’il a toujours voulu plus que tout, c’est de jouer au hockey au plus haut niveau possible. En plus de miser sur son talent, il a aussi eu la chance de faire une rencontre déterminante, celle de l’entraîneur de gardiens de but Olivier Michaud qu’il a rencontré pour la première fois à l’âge de 7 ans en participant à son école de hockey.
Depuis tout ce temps, Mathis n’a jamais cessé de mettre en pratique les enseignements de celui avec qui il entretient toujours un contact étroit et qu’il considère comme son mentor. « Avec lui, ç’a cliqué instantanément. Son calme, son expérience et ses contacts m’ont permis de me rendre là où je suis aujourd’hui et je lui en serai toujours reconnaissant », mentionne le jeune gardien de 19 ans.
Une route sinueuse
La route de Saint-Hyacinthe vers Val-d’Or n’aura pas été de tout repos pour Mathis.
Après sa dernière saison bantam AAA en 2018-19, le programme midget espoir de sa région a fusionné avec celui de Boucherville et Mathis n’a pas été retenu au camp de sélection du midget AAA. Il a donc été contraint de jouer au niveau midget BB.
« J’étais frustré sur le coup, car je me retrouvais avec des joueurs qui avaient moins de motivation que moi, mais ça me donnait une autre raison de travailler fort. »
Puis sont arrivées la pandémie et une pause forcée de presque deux ans. Mais Mathis n’entendait pas lâcher le morceau pour autant. Il a envoyé son CV et du matériel vidéo à toutes les équipes de la LHJMQ et du junior AAA, une démarche qui a attiré l’attention des Tigres de Victoriaville dans la LHJMQ et des Inouk de Granby de la Ligue junior AAA. Il a été invité au camp des recrues des Tigres, mais il n’a finalement pas été retenu par l’équipe. Il a néanmoins été repêché par les Inouk et il a pu intégrer le club granbyen.
« Après le camp à Victo, je savais que je n’étais plus très loin et que j’étais sur la bonne voie », confie-t-il.
Après avoir été limité à quatre matchs à sa première saison à Granby, Mathis s’est retroussé les manches. Il s’est présenté la saison suivante avec le couteau entre les dents et il est devenu gardien numéro un des Inouk. Il a connu tellement de succès que son directeur général, Danny Gélinas, a reçu un coup de téléphone des Foreurs de Val-d’Or. Ceux-ci souhaitaient faire signer un contrat de réserviste à Mathis et ce dernier ne s’est pas fait prier. Cela lui a valu rapidement un rappel d’urgence avec le grand club.
À son premier match en carrière dans la LHJMQ contre Baie-Comeau, il a réalisé 47 arrêts sur 48 lancers et a mené son équipe à la victoire. Même s’il a terminé la saison à Granby, c’est plus confiant que jamais qu’il s’est présenté au camp d’entraînement des Foreurs cet automne, prêt à brouiller les cartes et à ravir l’un des deux postes de gardien.
Une fois de plus, il a réussi son pari haut la main. En 15 départs cette saison, le gardien de 6 pieds et 2 pouces montre une fiche de quatre victoires et neuf défaites avec une moyenne de 4,33.
Chaque fois qu’il saute sur la glace, il voit cela comme un cadeau du ciel, et ce, même si son équipe n’est pas une puissance de la ligue cette saison. Bonne dernière au classement comptant 18 formations, la formation abitibienne n’a remporté que 7 des 25 matchs qu’elle a disputés jusqu’ici.
« C’est sûr qu’on voudrait gagner chaque match, mais on est une équipe jeune et on donne notre 110 %. J’adore vraiment mon expérience ici, c’est magique! »
Pour ce qui est de son futur, Mathis se dit ouvert à explorer toutes les options, autant universitaires que la ECHL et même l’Europe. Sky is the limit.
Par Louis-Philippe Carrier
