« C’est l’horreur! C’est une charge émotive insupportable! C’est un énorme stress humain de voir mourir ses oiseaux et de ne pas connaître tout l’impact économique. C’est aussi de l’inconnu de devoir repartir la production à zéro. Cette charge de travail n’était pas prévue juste avant Noël », a confié l’éleveur anéanti qui devra passer ses journées du temps des fêtes à travailler. Il évalue les pertes à au moins 500 000 $. Le gouvernement canadien compense la valeur des volailles euthanasiées, mais pas la perte de profits.
C’est le matin du 4 décembre qu’il a eu la mauvaise surprise de découvrir une centaine de dindons sans vie. Ils se trouvaient dans un bâtiment en contenant 7000. Au total, le site compte 32 000 dindons et 80 000 poulets, qui ont tous dû être euthanasiés. Ce sont des employés de l’Agence canadienne d’inspection des aliments qui ont procédé à l’opération après avoir effectué des tests sur des cadavres au laboratoire de Saint-Hyacinthe et obtenu un résultat positif à la grippe aviaire. C’est le vétérinaire de M. Leblanc qui avait immédiatement contacté l’Agence. Celle-ci s’était assurée de sécuriser les lieux avant de quitter avec des volailles mortes.
L’enquête est toujours en cours pour savoir ce qui a permis à la grippe aviaire de s’immiscer dans la ferme Faterra. Toutefois, dans la semaine précédente, beaucoup d’oiseaux migrateurs se trouvaient dans le secteur. De plus, un cas avait été détecté à Saint-Paul-d’Abbotsford deux semaines auparavant. La région de Saint-Pie était donc à risque et le changement des vêtements était appliqué à l’entrée. De plus, Pierre-Luc Leblanc était depuis longtemps très rigoureux en matière de biosécurité. Déjà, dans un article du COURRIER sur la grippe aviaire en novembre 2022, il avait affirmé prendre les grands moyens même s’il ne se trouvait pas dans une zone à risque.
Heureusement, ses trois autres sites n’ont pas été touchés puisque ses huit employés limitent leurs déplacements au minimum entre les sites. Pierre-Luc Leblanc possède 40 000 pondeuses de reproduction à Saint-Hyacinthe, 80 000 poules de reproduction en élevage à Saint-Bernard-de-Michaudville et 150 000 poulets à Ange-Gardien. Actuellement, seuls deux employés sont restés à Saint-Pie pour le grand nettoyage.
Pas de production avant janvier
Puisqu’aucun animal ne peut entrer ni sortir du site, Pierre-Luc Leblanc ne pourra pas recevoir de sitôt les 30 000 poussins qu’il attendait ce mois-ci. Ils ont dû être relocalisés en attendant que tout le processus pour enrayer la maladie du site soit terminé.
Toutes les volailles ont fini d’être euthanasiées sur place par l’Agence le 8 décembre. On a ensuite procédé au ramassage des cadavres en fin de semaine, puis à leur compostage hier sur place. Cela prendra une bonne semaine avant que cette étape soit terminée et que le virus soit détruit. Ensuite, il faudra procéder au nettoyage à sec des bâtiments, puis à leur lavage et à leur désinfection.
Malgré toutes ces mesures, le producteur peine à envisager l’avenir. « Ça génère une grande insécurité. Nous ne savons pas si ça va revenir », a-t-il conclu.
